jeudi 15 janvier 2009

This is What Happens Next

C’est à Montréal que Daniel MacIvor et Daniel Brooks ont décidé de présenter en première mondiale, leur toute nouvelle création, "This is What Happens Next". Cette collaboration, entraîne le public, majoritairement très jeune, dans une série de monologues surprenants, humoristiques, voire provocateurs, sous les thèmes de l’égocentrisme, de l’amour et des relations interpersonnelles. Une pièce actuelle, qui nous charme dès les premières minutes et ne cesse de nous faire rire et réfléchir sur nos valeurs à « consommation rapide ».

Daniel MacIvor s’offre un défi d’interprétation des plus impressionnants, avec une série de personnages, allant de l’avocat à l’astrologue, en passant par le père absent et l’enfant. Le jeu est sublime, mais il en résulte quelquefois une identification difficile, en l’absence de costume et de décor. La différenciation est facilitée avec le nom de chacun en arrière-plan, mais l’histoire de chacun devient entremêlée. La qualité du spectacle n’est en rien diminuée, Daniel MacIvor charmant les spectateurs au moindre mot.

Il est essentiel de mentionner la qualité des éclairages de Kimberley Purtell, personnifiant et clarifier chaque monologue. De plus, les effets sonores de Richard Feren, jouant avec les propos du comédien, ramènent sans cesse le spectateur en complicité avec lui et sont plus que pertinents. "This is What Happens Next" est véritablement une œuvre contribuant à la réputation de qualité du théâtre canadien.

MARIE-EVE JACQUES
«This is What Happens Next»
par Daniel MacIvor et Daniel Brooks
Usine C
14 au 17 janvier 2009

mercredi 14 janvier 2009

Faits pour s'aimer


En cette fin d’année 2008, le théâtre Jean-Duceppe présente une tordante comédie romantique dans laquelle est démontré qu’il existe des fous pour croire à n’importe quelle folie.

Suzy est spontanée. D’une folle spontanéité à vrai dire. Victime de sa propre folie? On ne saurait dire. Suzy est convaincue que Vito est l’homme de sa vie. Une fois le choc du coup de foudre passé, elle ne démord pas : il est ce qu’il lui faut, elle est ce dont il a besoin. Cette envie démesurée d’un homme, de CET homme, poussera l’électrisante Suzy à retenir l’impeccable Vito dans son appartement, le temps d’une tempête de neige. Deux êtres aussi drastiquement opposés peuvent-ils être faits pour s’aimer? À première vue, non. Or, à force de subterfuges, Suzy nous convainc, se convainc et convainc Vito que leur rencontre était écrite dans le ciel.

Adaptée par l’énergique Danielle Proulx et dans un décor coloré signé Marc Senécal, Proulx et son acolyte Henri Chassé, offrent deux heures délectables de rebondissements, de rires à gorge déployée et de réflexion sur l’amour, autant homme-femme que père-fils. «Faits pour s’aimer» est un véritable baume sur le cœur de tous ceux croyant encore au coup de foudre!


ANDRÉE-ANNE BRUNET

«Faits pour s’aimer»
Avec Danielle Proulx & Henri Chassé
Mise en scène de Michel Poirier
Théâtre Jean-Duceppe
17 décembre au 7 février 2009

jeudi 11 décembre 2008

... et autres effets secondaires

«… et autres effets secondaires» est la vision des finissants du Conservatoire d’art dramatique de Québec sur la schizophrénie. Création dont l’écriture a été entamée l’an passé, ce spectacle est le fruit d’une réflexion sur les effets de cette maladie du cerveau autant sur l’humain qui en souffre que sur ceux qui l’entourent.

À la fois ludique et sérieux, «… et autres effets secondaires» dépeint la division de l’être que subissent les schizophrènes. On suit les déboires de Benoît qui a une vive obsession des femmes, d’une en particulier, qu’il cherchera en s’enfonçant toujours plus loin dans sa tête.

Traiter de cette maladie est risqué. Il est en effet facile de tomber dans le mélodrame, dans la caricature. Les étudiants du Conservatoire réussissent cependant à jouer avec les mots et les situations de façon à alléger le spectacle. Pas de grande morale, juste une histoire sincère. Le tout est un peu alourdi par les nombreux déplacements de chaises et de tables qui, à eux seuls, transforment le décor.

Bien que toujours en apprentissage, les finissants du Conservatoire d’art dramatique de Québec démontrent déjà un énorme talent. Surveillez ces jeunes pousses, elles fleuriront bientôt sur les planches des théâtres d’ici!
ANDRÉE-ANNE BRUNET

Avec Jean-Pierre Cloutier, Matthew Fournier, Marc Auger Gosselin, Catherine Hugues, Joëlle Bourdon, Jean-Philippe Debien, Myriam Huard, Hubert Bolduc, Lorie Caron & Stéphanie Perreault.
Texte original des comédiens
Mise en scène de Marie-Josée Bastien
Théâtre du Conservatoire
7 au 14 décembre 2008

mardi 9 décembre 2008

La Complainte de Dulcinée

Dulcinée Langfelder est reconnue comme une artiste complète en jeu, danse, chant, mime et conte. Et chaque fois, elle frappe sur la condition humaine avec ses propos tragi-comiques et son ironie assumée. La Complainte de Dulcinée, présentée à l’Espace Go, poursuit ce fil conducteur, habillant le rôle de Dulcinea, la muse jamais rencontrée du grand Don Quichotte de Cervantès. L’amoureuse parle, rencontre son amant et ce, à travers l’Histoire de l’humanité. Idée fort intéressante, quoique parfois complexe.

Ce spectacle d’une heure vingt minutes présente Dulcinée Langfelder, accompagnée de ses quatre techniciens multidisciplinaires, qui jouent eux aussi la comédie et se laissent même tenter par les numéros de chant. Ces derniers amènent une toute autre réalité à la pièce, rappelant bien que la fiction est reine. Les prouesses de l’artiste principale sont innombrables et incessantes. Impressionnant mais incohérent. En effet, malgré tout le talent scénique, le public se retrouve face à différents tableaux qui n’ont de lien que par le personnage. Toutefois, la variété est grandement considérable, passant d’une chorégraphie contemporaine à une caricature de reportage télévisé. Diverti, le public est cependant laissé à lui-même, et tente de comprendre l’histoire, si unique soit-elle.

Malgré cette faiblesse, Dulcinée Langfelder remplit bien le mandat qu’elle s’est donnée, soit de divertir. Les moyens techniques et multimédias sont remarquables et valent le coup. Bref, La Complainte de Dulcinée est une œuvre qui rend mal sa simplicité annoncée, mais nous fait passer une agréable soirée.

MARIE-EVE JACQUES
«La Complainte de Dulcinée»
De Dulcinée Langfelder & Cie
Espace Go
4 au 14 décembre 2008

jeudi 4 décembre 2008

Contes Urbains

Les contes urbains de la Licorne font jaser depuis déjà 16 années. 16 années durant lesquelles un public de fidèles auquel s’est joint une bande d’initiés ont découvert une multitude de différents textes d’auteurs, interprétés par une panoplie de comédiens au registre varié. Un moment unique où le spectateur se sent privilégié de se faire raconter des histoires, comme papa et maman le faisaient si bien avant le dodo. Cependant, les histoires jouées dans le théâtre intimiste de la rue Papineau ne sont pas des aventures conduisant à un doux sommeil…

Le fil connecteur est Montréal en hiver, thème duquel les écrivains devaient s’inspirer pour créer des nouvelles, des historiettes, des moments de rire ou de pleur pour un public très ouvert. Autre similarité retrouvée dans les sept tableaux? La langue, une langue accessible, parfois vulgaire mais toujours franche. On ne met pas de dentelles, on veut simplement accrocher l’oreille en contant des histoires. Malgré les petits accros des comédiens dans les différents textes qui rappellent l’acte théâtral en cours, on plonge à en oublier toute notion du temps. Pour une 16e année consécutive, le concept de joindre un auteur à un comédien, chapeauté par un metteur en conte est définitivement défi relevé!

ANDRÉE-ANNE BRUNET


Avec Joël Marin, David Boutin, Sébastien René, Linda Roy, Emmanuel Schwartz, Marie-Ève Perron et Didier Lucien
Textes de Yvan Bienvenue, Josée Bilodeau, André Ducharme, Danette Mackay, Greg MacArthur, Marie-Ève Perron et Harry Standjofski
La Licorne
2 au 20 décembre 2008

2008 Revue et Corrigée

Les Jeux olympiques de Pékin? Le 400e anniversaire de Québec? L’affaire Bernier-Couillard? Les coupes dans la culture? Si cela ne sonne pas une cloche, c’est que vous étiez partout sauf au Québec cette année. Le théâtre du Rideau Vert vous offre cependant la chance de vous rattraper dans la connaissance des dossiers chauds de 2008 grâce à son hilarante revue annuelle présentée jusqu’au 15 janvier 2009.

Comédiens, imitateurs, chanteurs, danseurs : la polyvalence même s’expose devant les yeux amusés des spectateurs. Une quarantaine de sketchs variant de 2 à 8 minutes défilent à un rythme effréné alors que Marie Carmen, les événements de Montréal-Nord, Fabienne Larouche, les chefs des partis politiques québécois et l’infatigable Denise Bombardier viennent faire leur tour, réclamant leur moment de gloire. Constamment à l’affût des derniers événements médiatisés, le metteur en scène Joël Legendre se laisse la possibilité de modifier ou d’ajouter des numéros à son spectacle.

Des fleurs se doivent d’être lancées à la talentueuse Véronique Claveau dont la voix se méprend à celle de la grande Céline et dont l’attitude est à pleurer de rire. Celle qui s’est fait remarquer après son passage à Star Académie revendique maintenant sa place sur les planches des théâtres québécois et c’est avec plaisir que les spectateurs l’accueillent.

Pour un point de vue ludique sur les élections américaines, la crise économique mondiale et la libération d’Ingrid Bétancourt, joignez-vous au cirque théâtral de «2008 Revue et Corrigée»!


ANDRÉE-ANNE BRUNET


Avec Véronique Claveau, Tammy Verge, Benoit Paquette, Suzanne Champagne, René Rousseau & Marc St-Martin
Texte de Pascal Barriault, Charles Gaudreau, Daniel Langlois, Nathalie Lecompte, Luc Michaud, Claude Montmini
Mise en scène de Joël Legendre
Théâtre du Rideau Vert
Jusqu'au 15 janvier 2009

lundi 24 novembre 2008

Les Pêcheurs de perles

Ayant la réputation d’élitiste, l’Opéra de Montréal met en place diverses stratégies afin de rejoindre un public plus large et surtout, plus jeune. Cet automne, l’organisme a réussi avec brio en présentant les Pêcheurs de perles de Bizet. Une tragédie simple, un triangle amoureux, comme l’on en voit souvent à l’opéra. Toutefois, le succès est dans la mise en scène et la présentation esthétique.

D’abord, le spectateur est introduit dès la première scène à un univers oriental, devant un décor des plus impressionnants et colorés. Des immenses palmiers surréalistes, de nombreux artistes chantant, riant et dansant. Durant les trois actes que dure la représentation, un monde incroyable rappelant les contes des mille et une nuits emmitoufle le public, impressionné devant cette myriade de couleurs chaudes.

L’accessibilité de l’œuvre est non seulement dans l’esthétisme, mais aussi dans la multidisciplinarité. En effet, en plus des chanteurs vedettes, une dizaine de danseurs professionnels enrichissent le spectacle, avec des chorégraphies simples, énergiques et appropriées. Les Pêcheurs de perles est une pièce où, malgré la tragédie, l’ambiance est à la fête et à l’exotisme. Un spectacle facilement accessible pour un nouveau public, curieux et avide d’art classique.
MARIE-EVE JACQUES
«Les Pêcheurs de perles»
Avec Karina Gauvin, Antonio Figueroa, Phillip Addis & Alexandre Sylvestre
Mise en scène d'Andrew Sinclair
Jusqu'au 13 novembre 2008

jeudi 20 novembre 2008

Le Petit Chaperon Rouge

Pour sa 10e édition, les Coups de théâtre ont cogné fort en lançant le festival avec Le Petit Chaperon Rouge de la compagnie française Louis Brouillard. Avec trois acteurs et deux chaises, Joël Pommerat nous offre une relecture fort intéressante du conte de Perreault.

La fillette ayant peuplé nos histoires de jeunesse nous apparaît dans un cadre contemporain à souhait où on découvre sa grande solitude face à sa grand-maman malade et sa maman éreintée et trop occupée pour apercevoir la douce détresse et le manque d’affection de sa fille. Nous plongeons dans cette version fort proche d’une réalité actuelle grâce à un narrateur désinvolte et ironique qui crée un décalage humoristique avec l’action se déroulant sur scène.

La pièce nous parle de la peur du danger et de la fascination que nous entretenons par rapport à ce sentiment. Le rythme exalté de la pièce et la trame sonore supportent un climat de tension incroyable. Chapeau aux brillants jeux d’ombres et de lumière permettant de faire croire à la présence d’un véritable loup sur scène.

Le Petit Chaperon Rouge de Pommerat resplendit donc par sa simplicité et permet un joyeux retour en enfance avec de ludiques clins d’œil à notre présent effréné.

ANDRÉE-ANNE BRUNET

«Le Petit Chaperon Rouge»
Avec Ludovic Molière, Isabelle Rivoal & Valérie Vinci
Mise en scène & texte de Joël Pommerat
Usine C
17-18 novembre 2008

lundi 10 novembre 2008

La Cadette

La Cadette est une jeune femme atteinte d’une maladie mentale. Une jeunesse qui pèse sur sa famille qui doit jongler avec ses crises de larmes et leur envie de se libérer du poids qu’elle représente. La Cadette évolue dans un univers familial où elle ne peut plus jouer les enfants. Elle décroche volontairement de son personnage atteint de maladie mentale pour s’adresse directement aux spectateurs, comme si son moi intérieur lucide et intelligent se révélait, déclenchant souvent un rire à la petite foule pendue à ses lèvres. La vie de cette famille commune prendra un tout nouveau tournant lorsque le Fou y mettra son grain de sel…!

Premier texte solo inspiré de sa propre situation familiale, La Cadette d’Annie Ranger est loin de la lamentation ou de la caricature. La brillante comédienne Marilyn Perreault offre une performance athlétique et renversante alors que le metteur en scène Martin Champagne nous emmène dans un univers ou le fantastique et le réalisme se font duel. La joyeuse troupe nous présente le monde de la maladie mentale dans la petite salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui et nous invite a décidé de l’avenir de ces êtres souffrant d’une maladie encore bien trop méconnus…

ANDRÉE-ANNE BRUNET

«La Cadette»
Avec Julie Beauchemin, Marilyn Perreault, Marie Cantin, Sylvie Hétu, Claude Tremblay, Phillipe Laperrière
Mise en scène de Martin Champagne
Théâtre d'Aujourd'hui
21 octobre au 8 novembre 2008

samedi 8 novembre 2008

La troupe Baladeu'x et son spectacle «DOUBLE TOUR»

Une autre soirée incommensurablement renversante à la cité des arts du cirque. La troupe belge Baladeu’x était présente du 22 au 26 Octobre à la Tohu pour lancer leur nouveau spectacle Double tour en tournée au Québec. Les deux artistes aux multiples talents ont su charmer petits et grands à travers : prouesses de jongleries, danses, acrobaties, mimes, ainsi qu’une brève performance musicale. Parmi toutes ces expressions circassiennes, on peut constater que le duo de Baladeu’x est complètement débordant d’imagination et de créativité.


Un jeune couple d’amoureux qui vit son évolution autour d’une simple porte. La porte se transforme rapidement en véritable délire imaginaire où le couple partage jeux, plaisirs, passions et amour. Communiquant entre eux par le jeu perpétuel qui les anime, le couple « se relance sans cesse la balle » dans les situations de la vie quotidienne. C’est dans une mise en scène simple que l’on apprécie le véritable talent. Quelques éclairages très bien exécutés, une riche trame musicale et un décor (la porte) ingénieusement utilisé. La simplicité du spectacle est réellement surprenante, on se demande même comment arrive-t-il à nous transporter si loin avec si peu ?

La simplicité de Baladeu’x est certainement l’aspect qui rend le spectacle aussi touchant; prendre la vie à la légère, au moment présent, au jeu. Une courte épopée de tendresse qui offre une belle philosophie de vie, adoptée à Double Tour.

PATRICE OUIMET

«Double Tour»
Avec la Troupe Baladeu'x

Site internet de Baladeu'x