dimanche 29 mars 2009

Punto Ciego

Depuis maintenant sept ans, Victor Quijada explore la rencontre du ballet, de la danse contemporaine et du breakdance avec Rubberbandance Group (RBDG). Fondateur de la compagnie, il se lance audacieusement dans le jeu, l’humour, le drame, la violence, la comédie et surtout la condition humaine. Cette fois-ci, il nous présente « Punto Ciego », à la Cinquième Salle de la Place des Arts, où il est en résidence avec la codirectrice artistique de la compagnie, Anne Plamondon.

Sur la scène, six danseurs. Trois couples. La soif de célébrité et de performance mène souvent à la déchéance des relations interpersonnelles et la perte de soi est inévitable. Victor Quijada nous le fait bien sentir à travers ses chorégraphies parfois oppressantes et parfois touchantes, menées par la musique remarquable de Jasper Gahunia, qui reprend la musique classique avec une touche de hip-hop. Mais ce qui différencie Rubberbandance Group, c’est sa technique audacieuse, ses rythmes actuels et sa théâtralité bien justifiée. L’histoire, avec toutes ses versions, ne se raconte pas. Elle se vit individuellement, en tant que spectateur. « Punto Ciego » est une œuvre complète, qui impressionne par son innovation et sa perfection, et qui charme par son humanisme. D’ailleurs, l’utilisation de vidéos amène un contact direct avec le public, qui est invité à participer. Il est important de mentionner les performances des interprètes, principalement celles de Frédéric Tavernini et Lila-Mae G.Talbot.

« Punto Ciego » est une création simple et complexe, technique et sensible, drôle et violente. Bref, « Punto Ciego » est une œuvre complète, qui ne peut passer inaperçue.

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MARIE-EVE JACQUES

« Punto Ciego »
Rubberbandance Group
Avec Victor Quijada, Anne Plamondon, Louise Michel Jackson,
Mariusz Ostrowski, Lila-Mae G. Talbot, Frédéric Tavernini
Cinquième Salle de la Place des Arts
Du 25 mars au 11 avril 2009

lundi 23 mars 2009

Woyzeck


Écrite en 1836, la pièce Woyzeck de Georg Büchner, a été reprise et adaptée à plusieurs reprises et ce, à travers le monde. L’histoire est celle de Woyzeck, simple ouvrier convaincu qu’il est né pour un petit pain, qui se voit écrasé par la microsociété dans laquelle il est contraint de vivre. Éperdument amoureux de Marie, la mère de son enfant illégitime, il est témoin de la séduction du fort et viril Tambour-major. Au bout du rouleau, il finit par éclater sous l’oppression et assassiner sa douce.

La metteure en scène Brigitte Haentjens a décidé de reprendre cette œuvre sur la violence conjugale pour le public québécois. Une toute nouvelle adaptation, illustrée par des chansons et des expressions populaires, ainsi que par un accent d’ici. Ces clins d’œil permettent de traiter des dimensions satiriques, absurdes même, de l’oppression que subit Woyzeck. D’ailleurs, le public y prend le temps de respirer et de prendre une pause de la misère et de la cruauté des personnages.

Il est important de noter la superbe scénographie, signée Anick La Bissonnière, qui dès les premières minutes, crée l’atmosphère étouffante de la société. La formidable brochette de comédiens complète cette pièce audacieuse et rend honneur à la créativié de Brigitte Haentjens. À noter : Sébastien Ricard est saisissant dans son rôle de Tambour-major, Évelyne Rompré joue une Marie juste et délicate, Paul Ahmarani est le Docteur cruel et absurde à souhait et enfin, Marc Béland est touchant et sensible.

Woyzeck est une œuvre tout à fait intemporelle et Brigitte Haentjens en met plein la vue avec son adaptation québécoise, quoique parfois à tendance caricaturale.

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MARIE-EVE JACQUES

« Woyzeck »
Mise en scène de Brigitte Haentjens
Avec Marc Béland, Paul Ahmarani, Catherine Allard,
Pierre-Antoine Lasnier,Raoul Fortier-Mercier ou Victor Croteau,
Gaétan Nadeau,Sébastien Ricard, Évelyne Rompré et Paul Savoie
Usine C
Du 17 mars au 4 avril 2009

lundi 16 mars 2009

La charge de l'orignal épormyable

Le Théâtre du Nouveau Monde surprend dans sa mise en scène de «La charge de l’orignal épormyable» de Claude Gauvreau. Jouée pour la troisième fois, cette pièce de théâtre revisitée par Lorraine Pintal et sa troupe de comédiens aguerris choque, trouble, dérange.

Mycroft Mixeudeim tente de se remettre de la mort d’une femme qui représentait le monde pour lui. Il se réfuge donc dans le travail, se mettant au service de quatre analystes du comportement humain qui s’amuseront à se servir du pauvre personnage naïf pour évaluer leurs théories. Lontil-Déparey, Becket-Bobo, Laura Pa et Marie-Jeanne Commode concoctent des plans cruels réveillant l’orignal en Mycroft qui ne peut que charger dans les portes fermées à clef afin de porter secours à ceux qu’il croit en danger. Le TNM propose un terrible cirque morbide où la manipulation est à l’honneur et mène à la destruction de l’autre mais également à sa propre autodestruction. Bien qu’écrite en 1956, «La charge de l’orignal épormyable» est toujours d’actualité : il suffit de penser aux groupes d’adolescents intimidant un collègue de classe plus timide et renfermé. Glauque à en donner des frissons, la mise en scène osée de Lorraine Pintal est tout à son honneur. En effet, avec cette pièce, le Théâtre du Nouveau Monde se détache de sa réputation élitiste. Les gens pour qui les textes classiques sont plus difficiles d’approches seront agréablement surpris de la dernière production plus «trash» du TNM qui présente une belle porte d’entrée pour la découverte de cette institution montréalaise.

Une brillante brochette d’acteurs portent cette étrange histoire sur scène. Éric Bernier, Francis Ducharme, Didier Lucien, Pascale Montpetit, Sylvie Moreau, François Papineau et Céline Bonnier forment une unité sans pareil. Bonnier est particulièrement saisissante dans le rôle de Laura Pa avec son jeu en finesse et son incroyable présence. Il faut également souligner le travail extraordinaire de Papineau dans le rôle de l’orignal épormyable qui offre une composition délectable. Définitivement troublante, l’histoire de Mycrof Mixeudeim transpire la pureté, une pureté souillée par la décadence et la méchanceté. Une œuvre noire à voir.

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ANDRÉE-ANNE BRUNET

«La charge de l’orignal épormyable»
Texte de Claude Gauvreau
Mise en scène de Lorraine Pintal
Avec Éric Bernier, Céline Bonnier, Francis Ducharme, Didier Lucien,
Pascale Montpetit, Sylvie Moreau, François Papineau
Théâtre du Nouveau Monde
Du 10 mars au 4 avril 2009

dimanche 15 mars 2009

Des belles-soeurs immuables


Pour souligner les 40 ans des Belles-Sœurs, le théâtre d’Aujourd’hui qui célèbre également son quarantième anniversaire cette année, a décidé de faire revivre ce classique québécois. Mais pas de n‘importe quelle façon! Après avoir été retravaillés par le comédien, auteur, réalisateur, animateur et metteur en scène René Richard Cyr, les monologues des belles-sœurs se sont transformés en chansons, faisant revivre cette célèbre pièce sous une forme résolument nouvelle : le théâtre musical. Le talentueux Daniel Bélanger a mis la main à la pâte pour prêter des notes aux 15 interprètes féminines qui seront sur scène dès le 29 mars 2010 au Théâtre d’Aujourd’hui, mais également au Centre culturel de Joliette. Bélanger ne sera toutefois pas sur les planches, laissant sa place à 4 musiciens encore inconnus. Financièrement appuyés par Loto-Québec qui fête également ses 40 ans, Marie-Thérèse Fortin et son équipe bénéficieront de 600 000$ étalés sur 3 ans pour mener ce projet d’envergure à terme. La distribution complète sera révélée le 23 mars prochain lors du lancement de la saison du Théâtre d’Aujourd’hui.

jeudi 26 février 2009

Etien.

On ne peut l’ignorer par les temps qui courent, vivre son adolescence en 2009 n’est pas une mince affaire. Ça, la compagnie de théâtre jeunesse Bluff semble l’avoir compris depuis la saison 2002-2003 de la Maison Théâtre. En effet, celle-ci présentait déjà à cette époque la pièce Étien, que je suis allé voir cette semaine. On l’a judicieusement remise à l’affiche pour souligner le départ de son auteur, Sarto Gendron, de la dite compagnie pour laquelle il était aussi directeur artistique. Croyez-moi, son œuvre traitant de l’obligation sociale de la performance et du ras-le-bol des standards que celle-ci nous impose, ça ne pourrait être plus d’actualité.

On y raconte les péripéties d’Étienne, 21 ans, qui nous fait comprendre dès les premières minutes de la pièce qu’on va assister à une crise existentielle d’une heure et demie durant laquelle les jeunes seront compris dans leur désarroi. Pour faire passer son message, il décide, aux commandes de son fidèle ordinateur, de prendre d’assaut les systèmes informatiques de la planète, afin d’en exercer un parfait un contrôle. Le but de sa mission? Changer le monde dit-t-il, mais aussi son monde par la bande. Dans son monde, il y a sa mère, incarnée par France Parent. Celle-ci exprime avec brio le tourbillon infernal dans lequel la société l’a enrôlée et du même coup, le piège dans lequel son fils ne veut pas tomber. Elle devra faire face à un agent de la GRC, qui lui, recherche Étienne.
On ne peut passer sous silence le texte audacieux de Sarto Gendron. Quel ne fut pas mon étonnement de retrouver des blasphèmes et des mots, disons-le, plutôt crus dans ce spectacle destiné à des jeunes de 13ans et plus. Une fois passé par-dessus mes jugements de grand-mère, je me suis rendu à l’évidence; l’adolescent ne s’exprime plus dans la langue classique de Shakespeare. Si on veut le rejoindre, autant assumer que cette phase est là et que l’on doit parler le même langage. Il en résulte donc un texte franc, honnête et tout à fait assumé dans la bouche des comédiens.

La mise en scène brillante de Michel Bérubé découpe la scène en trois parties pour chacun des personnages principaux. On s’y parle toujours par télécommunication. On est ainsi l’un à côté de l’autre, sans se voir. De plus, les comédiens récitent leur texte au public en les regardant toujours, ce qui leur donne une belle impression de vulnérabilité. Ils ne deviennent que des humains qui déclarent leur mal d’entrer en communication les uns avec les autres. On ne peut également passer sous silence une trame sonore rock à saveur parfois apocalyptique qui ponctue bien les montées dramatiques du personnage principal.

Etien est un spectacle qui m’a hautement plu, tantôt pour la sensibilité de ses interprètes, mais surtout pour l’humanisme de son texte.
MATHIEU POTVIN
« Etien. »
Texte de Sarto Gendron
Mise en scène de Michel Bérubé
Avec Mario Borges, Pierre Monet-Bach, France Parent, Joachim Tanguay
Maison Théâtre
Du 19 au 27 février 2009

dimanche 22 février 2009

Festival Mondial du Cirque de Demain

Depuis 30 ans déjà, Paris accueille les plus grands artistes de la relève pour le Festival Mondial du Cirque de Demain. Un concours permettant aux meilleurs de se faire voir par les professionnels du milieu. Les gagnants voient leur carrière assurément resplendissante et leur réputation internationale. La compétition a eu lieu il y a quelques semaines et les méritants nous font le plaisir de s’arrêter à la Tohu pour présenter les innovations du cirque.

C’est par une mise en scène valorisant chacun des numéros et une ambiance festive que le public montréalais a droit à un multiculturalisme surprenant, où la notion du cirque est différente d’un continent à un autre. Il est remarquable de comparer les artistes, selon leurs origines. Les Occidentaux ont tendance à opter pour une émotivité, une sensibilité et une simplicité dans leurs numéros, alors que les Orientaux favorisent un spectacle éclatant, familial et un peu « tape à l’œil ». Les deux styles sont fort appréciés du public, qui s’y plaît tout au long des représentations. Peu importe la discipline ou l’origine, la technique est quasi-parfaite et en met plein la vue !

Encore une fois, la Tohu présente un spectacle hors de l’ordinaire, avec les meilleurs artistes du cirque. Cela prouve que cet art se porte à merveille et que les plus grands réinventent sans cesse les disciplines existantes.
MARIE-EVE JACQUES

« Festival Mondial du Cirque de Demain »
Édition spéciale du 30ème anniversaire
Tohu
Du 17 au 28 février 2009

lundi 16 février 2009

La migration des oiseaux invisibles


Croire en un avenir meilleur. Croire en la vie, en l’amour. Croire qu’on peut être quelqu’un. Croire tout simplement. À bord d’un immense cargo traversant l’océan, Sinbad et Rat d’eau se rencontrent, se font peur, s’apprivoisent, s’apprennent puis deviennent inséparables. Personnage clandestin, Sinbad se cache et attend d’apercevoir le rivage pour nager vers de nouvelles aventures. Sa formule d’invisibilité n’ayant pas fonctionné, Sinbad se fait capturer par Rat d’eau, matelot un peu simplet mais attachant vivant sous le joug d’un capitaine sans pitié. Bien que tout semble les opposer à prime abord, ces deux enfants développent une improbable amitié, dissimulés au fond d’une cale.

S’appuyant sur l’autre pour grandir, se faisant la courte échelle vers le soleil, Sinbad et Rat d’eau partagent l’espoir d’une vie magique et transmettent leur courage à la foule de jeunes spectateurs de la Maison Théâtre. Avec des mimiques ludiques, un texte sincère et un dynamisme corporel, Marie-Josée Forget et Marilyn Perreault, respectivement Sinbad et Rat d’eau, font comprendre l’importance de croire et de s’entourer d’amis sincères et dévoués.

La simplicité a permis au duo de comédiennes de donner des frissons et surtout de faire rire un public plus qu’enthousiaste après tant de belles images et de belles paroles. Chantant de vérité, «La migration des oiseaux invisibles» donne matière à voir et à réfléchir sur l’importance de l’amitié et sur la foi en sa bonne étoile. Une belle leçon sur la vie signée Mathieu, François et les autres!

ANDRÉE-ANNE BRUNET

«La migration des oiseaux invisibles»
Avec Marie-Josée Forget et Marilyn Perreault
Texte de Jean-Rock Gaudreault
Mise en scène de Jacinthe Potvin
Maison Théâtre
Du 30 janvier au 14 février 2009

mardi 3 février 2009

La soupe de Kafka

Dans le cadre du Studio littéraire, Antoine Bertrand, Patrice Coquereau, Daniel Brière, Catherine Trudeau et Kathleen Fortin nous font la lecture de "La soupe de Kafka", recueil de pastiches des plus grands auteurs par Mark Crick. En effet, l'auteur s'est fait un plaisir d'imaginer le déroulement d'un dîner chez Virginia Woolf, Gabriel Garcìa Màrquez ou encore Marcel Proust, le tout évidemment présenté sous forme de livre de recettes.
La Cinquième Salle de la Place des Arts accueille sans aucun doute des comédiens de talent, qui mettent en vie les textes de Crick avec humour et justesse. Une mise en scène naturelle, qui rapproche les artistes du public, qui les rend complices le temps d'une soirée. La présentation multimédia est pertinente pour introduire les auteurs et bien préparer les auditeurs, mais un manque de précision et de coordination gâche un peu certaines des lectures, laissant le public perdu. Détail ridicule, mais tout de même nuisible.
Toutefois, le Studio littéraire est un événement à ne pas manquer. Un véritable rendez-vous avec les comédiens d'ici et leur passion pour la littérature.
MARIE-EVE JACQUES
«Studio littéraire«
Artistes variés
Cinquième Salle de la Place des Arts
Du 27 octobre 2008 au 4 mai 2009

Si tu veux être mon amie


Lorsqu’elle entend parler en boucle d’un tragique événement, l’oreille en vient à ne plus entendre. À trop se faire parler d’horreur, elle préfère se conforter dans son quotidien rassurant. On la comprend. Et pourtant…

Le conflit israélo-palestinien fait rage depuis déjà trop longtemps et rares sont les journées qui passent sans qu’un incident ne se produise dans ce petit coin du monde. Sommes-nous rendus indifférents à cette violence à force d’en être des témoins à distance? La compagnie de théâtre Les nuages en pantalons fait le pari que non.

D’abord présentée au théâtre jeunesse Les Gros Becs en 2006, c’est au théâtre Périscope que cette sympathique troupe d’artistes a installé ses pénates depuis la mi-janvier, le temps d’une dizaine de représentations de son spectacle «Si tu veux être mon amie». Traitant de la relation épistolaire de deux jeunes filles de 12 et 13 ans, l’une palestinienne, l’autre israélienne, cette remarquable œuvre présente les visions parfois opposées, parfois complémentaires, de préadolescentes rêvant d’une même chose : la liberté. Avec candeur et passion, les fillettes que nous voyons grandir sous nos yeux s’exposent et jamais le spectateur ne prend parti pour l’une ou l’autre; l’équipe de création ayant pris soin de ne pas suggérer un point de vue mais bien de montrer les deux facettes de leur triste réalité.

Raconté avec simplicité, parsemé de chorégraphies appuyant la légèreté ou la gravité d’une scène, avec des accessoires aussi simples que des roches et des bottes de soldats pour simuler l’Intifada, «Si tu veux être mon amie» ne nous rabat pas les oreilles avec les horreurs de la guerre mais nous fait plutôt comprendre qu’un point de vue ne peut être valable sans son opposé, ce que nous semblons avoir oublié de nos jours.

«Si tu veux être mon amie» ne dénonce pas avec férocité mais a sans contredit l’effet de nous remettre en question par rapport à notre trop grande ignorance. Loin de se sentir moralisés, petits et grands se sentiront concernés par ce texte facile d’approche, cette pièce coup de poing et certainement coup de cœur…
ANDRÉE-ANNE BRUNET
«Si tu veux être mon amie»
Avec Éva Saïda, Klervi Thienpont,
Olivier Normand & Jean-Philippe Joubert
Texte de Litsa Boudalika à partir de lettres authentiques
Mise en scène de Jean-Philippe Joubert
Théâtre Périscope
Du 13 au 31 janvier 2009

Le Complexe de Thénardier

Il existe une lourdeur dans «Le complexe de Thénardier» présenté à l’Espace Go, après une tournée en France et en Belgique. Une lourdeur provenant d’une histoire fort simple mais pesante d’humanité. Une véritable démonstration de notre interdépendance humaine, de notre fragile besoin de l’autre.

Le metteur en scène Denis Marleau se plonge une seconde fois dans l’univers de l’auteur béninois José Pliya en s’attaquant au tableau d’une relation maître-esclave. Vido est recueillie chez la Mère durant la guerre afin de se cacher. Tranquillement, la Mère la transforme en cuisinière, femme de ménage et nourrice pour ses deux enfants. Quelques années plus tard, Vido veut voir le monde mais la Mère ne voit pas les choses de la même façon. Par un terrible jeu de pouvoir et la violence des mots, elle s’appliquera à jouer sur les sentiments et les pauvres défenses de Vido afin de garder cette jeune adulte devenue esclave auprès d’elle. Or, les plus forts se révèlent souvent porteurs des plus grandes faiblesses…

Christiane Pasquier, alias la Mère, s’affiche comme un véritable monument, une actrice dont le talent et l’expérience ne sont plus à prouver. Elle offre une justesse de jeu à faire frissonner et parvient à ramener l’attention du spectateur qui parfois s’égare dans ses pensées à cause de l’évolution très lente de l’histoire. De nombreuses répétitions dans le texte, basées sur les supplications de Vido, font stagner l’histoire et engourdissent le spectateur.

Néanmoins, la richesse du jeu de Pasquier est un trésor québécois que nous n’avons malheureusement pas la chance de voir souvent sur les planches des théâtres. Bien que «Le complexe de Thénardier» ne soit pas un coup de cœur, la performance de Christiane Pasquier est certes un fort souvenir qui restera ancré longtemps.
ANDRÉE-ANNE BRUNET
«Le Complexe de Thénardier»
Avec Christiane Pasquier et Murielle Legrand
Texte de José Pliya
Mise en scène de Denis Marleau
Espace Go
Du 20 janvier au 14 février 2009