lundi 18 janvier 2010

Simon a toujours aimé danser

Simon Boulerice, jeune auteur, interprète, metteur en scène et danseur se livre sur la scène de la salle intimiste Jean-Claude Germain dans un solo autofictionnel savoureux. Sur un fond musical signé Whitney Houston, Simon joue au hockey, renie la religion, vie sa première relation amoureuse et les déceptions qu’elle entraîne mais surtout, Simon danse avec cœur. Dans toute sa fragilité et son innocence, Simon parle de ses blessures de petit garçon incompris qui ne cherche qu’à danser sa vie.

Le petit plateau de la salle Jean-Claude Germain se transforme tour à tour en club, en patinoire, en sanctuaire et en quai de métro. Quelques accessoires et un éclairage simple mais efficace supportent les propos du sympathique interprète. L’espace est investi avec fougue par Boulerice qui témoigne d’un incroyable talent de danseur, d’écrivain et d’interprète. Le cœur léger et le sourire aux lèvres, les spectateurs sont ravis au bout de l’heure et quart du solo qui porte à réfléchir sur la nécessité de s’accrocher à ses passions de petit garçon et de petite fille. Simon Boulerice, à ne pas perdre de vue dans les prochaines années, offre avec une sincère simplicité, un moment doucement sucré.
PAR ANDRÉE-ANNE BRUNET
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Simon a toujours aimé danser
de Simon Boulerice
Avec Simon Boulerice
Mise en scène de Sarah Berthiaume
Théâtre d'Aujourd'hui
12 au 30 janvier 2010

dimanche 6 décembre 2009

Une maison propre

Le Théâtre de l'Opsis propose, dans le cadre de son exploration de la dramaturgie américaine, présente "Une maison propre", une oeuvre de Sarah Ruhl, pour lequel l'auteure a reçu le prix Susan Smith Blackburn et a été finaliste pour un prix Pulitzer.

"Une maison propre", c'est l'histoire de Mathilda, une jeune comédienne brésilienne à la recherche de la blague parfaite. En attendant d'accomplir son rêve, elle fait le ménage chez un couple de médecins, Lane et Charles, qui malgré un succès professionnel, voient leur amour partir à la dérive. La soeur de Lane, une femme sans emploi et complètement folle du ménage, aide Mathilda dans ses démarches ménagères et artistiques.

Les personnages sont non seulement attachants, mais aussi formidablement mis en vie par une distribution remarquable. Émilie Bibeau, dans le rôle de Mathilda, est impressionnante avec son accent brésilien constant, quoiqu'un peu stéréotypé. Monique Spaziani, dans la peau de Lane, réussit à nous émouvoir à travers l'absurdité de la pièce. Enfin, on ne peut passer à côté de la prestation d'Hélène Mercier, dans le rôle de la soeur de Lane. Le public reste pendu à ses lèvres et attend sa prochaine ligne. Sa gestuelle est remarquable et hilarante. Bref, "Une maison propre" est une oeuvre actuelle, drôle et émouvante sur l'accomplissement de soi et l'amour.

PAR MARIE-EVE JACQUES
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Une maison propre
Texte de Sarah Ruhl
Mise en scène de Martin Faucher
Avec Émilie Bibeau, Michel Laperrière,
Hélène Mercier, Patricia Nolin,
Denis Roy et Monique Spaziani
5ème Salle de la Place des Arts
19 novembre au 19 décembre 2009

La Réforme Pinocchio

Le théâtre Premier Acte de Québec prête sa scène à de jeunes auteurs-comédiens de la compagnie La Fleur de Cendre. La première création de cette dernière propose un univers ludique, une société dans laquelle tout est axé sur la productivité et l’exploitation des ressources. Depuis quelques années, les enfants de cet univers n’évoluent pas et se dirigent vers une mort certaine s’ils ne changent pas avant d’atteindre l’âge de la productivité. Le fils de l’empereur semble atteint du même mal et ce dernier doit réagir rapidement car le peuple se plaint. L’empereur et sa suite décident de s’attaquer à ce qui leur semble être la source du problème, soit l’éducation, plus précisément les gardiennes des enfants, ces êtres à moitié vivants ayant une télévision pour tête. C’est ainsi que s’enclenche la Réforme Pinocchio.

La pièce est rafraîchissante par son côté dénonciateur et le ridicule des situations proposées. Les personnages sont tous plus éclatés les uns que les autres, que ce soit le Dieu de tous qui est représenté par une statut dont le nom est Wal-Mart ou encore la gardienne des enfants qui est une réplique effrayante des Télétubbies. La Fleur de Cendre présente un conte moderne à l’humour acide où les éclats de rire sont suivis par des malaises dérangeants. Seule ombre au tableau : les quelques envolés lyriques qui alourdissent la fin de la pièce. Somme toute, la pièce frappe et les jeunes auteurs-comédiens offrent une brillante prestation.
PAR ANDRÉE-ANNE BRUNET
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La Réforme Pinocchio
Première création de la compagnie
La Fleur de Cendre
Collectif d’auteurs
Avec Marc Auger, Benoît Cliche,
Jean-Michel Girouard, Éliot Laprise,
Jean-René Moisan, Lucien Ratio
et 'Israël Gamache
Mise en scène de Jean-Michel Déry
Théâtre Premier Acte
10 novembre au 28 novembre 2009

L'Imposture

«L’Imposture», 17e pièce de la jeune Evelyne de la Chenelière, offre une rencontre avec Ève, une femme forte, intelligente mais vulnérable qui tire ses idées de romans de son entourage immédiat et des situations personnelles qu’elle vit. Elle souligne les maux de son entourage, les tares de leur vie. Sa relation avec son fils Léo est mise de l’avant alors qu’elle choisit de prendre son fils comme narrateur de son histoire. Sa fille Justine assombrit le conte en se rebellant, partant vivre dans un dangereux ghetto. Quant à l’homme de sa vie, Bruno, il ne semble pas réceptif aux écrits qui s’adressent pourtant à lui. La pièce propose un questionnement sur l’identité du véritable auteur d’un roman et sur les limites des sources d’inspiration de ce dit auteur.

À travers les relations qu’Ève entretient avec les gens l’entourant, l’acte créateur, le statut de parent et la condition de la femme sont décortiqués, questionnés. Des personnages éclatés comme celui de David Boutin, tournent en ridicule certains comportements humains et créent un pont entre le public et la pièce. Cette dernière met en avant-plan la relation entre Ève et son fils Léo. Petit hic : nous nous égarons en deuxième partie du spectacle alors que nous suivons la fille d’Ève, la rebelle Justine, qui s’enfonce dans les gouffres d’un ghetto. S’ensuit des blagues faciles sur les Noirs et une caricature futile et facile. Les idées sont là mais elles semblent plaquées sur une toile de fond. Malgré tout, avec des projections vidéo, un dynamisme dans la mise en scène et des acteurs chevronnés, «L’Imposture» nous amène entre deux mondes, entre la stabilité sécurisante et le goût de l’inconnu. C’est donc une intéressante réflexion sur l’acte créateur et son impact sur l’entourage de l’auteur qui prend d’assaut la scène du Théâtre du Nouveau Monde jusqu’à la mi-décembre.
PAR ANDRÉE-ANNE BRUNET
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L’Imposture
de Evelyne de la Chenelière
Avec Violette Chauveau, Francis Ducharme,
David Boutin, Sophie Cadieux, Jacinthe Laguë,
Hubert Proulx, Yves Soutière, Erwin Weche
Mise en scène de Alice Ronfard
Théâtre du Nouveau Monde
17 novembre au 12 décembre 2009

lundi 30 novembre 2009

Parler de la mort, un hommage à la vie

Ce n’est pas tous les jours qu’on traite d’un sujet aussi intense que la mort, encore moins avec le jeune public. Le Théâtre le Clou décide de présenter un véritable hommage à la vie aux jeunes de 11 à 13 ans : Isberg.

Un Grand, un Petit et une Sœur devront tenter de survivre au quotidien à la suite du tragique accident qui enleva leurs parents. Dans cette nouvelle réalité bouleversante, les trois enfants utilisent l’imagination, les souvenirs, le bricolage et la musique pour nourrir leur nouvelle vie de positif. Une quête du bonheur avec quelques embûches où seul l’esprit de famille représente la clé.

Isberg plonge les plus jeunes comme les plus vieux dans un univers charmant et hermétique. Nul ne peut décrocher de l’irréprochable performance de Philomène Lévesque-Raiville, Sébastien Rajotte et Guillaume Tellier. Par leur dynamisme et leur justesse, ils sont attachants, intelligents et touchants. Une belle mise en scène colorée et texturée de géométries originales ; une ambiance scénique digne de la Maison Théâtre. Des arrangements musicaux intéressants qui harmonisent l’ambiance parfois lourde, parfois drôle.

Ce que j’aime de la Maison Théâtre c’est que du premier noir aux applaudissements, on est complètement absorbé par ce qui se passe sur scène. On plonge dans des univers fascinants qui comportent mille et une portes pour l’imagination. Isberg du Théâtre le Clou en est un bon exemple !

PAR PATRICE OUIMET

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ISBERG

Une production du Théâtre le Clou

Texte : Pascal Brullemans

Mise en scène : Sylvain Scott

18 au 29 novembre 2009

La Maison Théâtre

lundi 16 novembre 2009

L'accomplissement d'une vie selon Tanja Liedtke

Dans le cadre de la triple programmation australienne de la 5ème salle de la Place des Arts, c'est au tour de la regrettée chorégraphe Tanja Liedtke de nous présenter sa dernière oeuvre Construct. C'est en effet le dernier spectacle de la jeune artiste, décédée subitement en 2007, explorant l'accomplissement des rêves et des projets, seul ou à deux. Comment les ambitions de jeunes adultes évoluent-elles à travers les années ? L'ascension se fait rapidement, mais la chute aussi.

Avec la collaboration de Kristina Chan et de Paul White, la chorégraphe, remplacée par Charmene Yap, réussit à déstabiliser le spectateur dans ses ambitions et sa vision de l'avenir. C'est tout en humour, en audace et en sensibilité qu'un jeune couple construit sa vie sous le regard attendri du public. Puis, le temps fait les choses et annonce le déclin, rapide et inattendu de ces individus qui ne peuvent comprendre ce qui leur arrive. Ils se laissent aller à la dérive, tentant de se réconforter dans leur maison, symbole de l'ultime accomplissement.

C'est avec une mise en scène vivifiante et une musique jouant un rôle de premier plan que Construct nous ramène à l'ordre et nous fait revoir nos plans futurs. Le bonheur est souvent pris pour acquis et pourtant, il se doit d'être construit et nourri.

PAR MARIE-EVE JACQUES

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Construct
par Tanja Liedtke
avec Kristina Chan, Paul White et Charmene Yap
5ème salle de la Place des Arts
10 au 14 novembre 2009

lundi 9 novembre 2009

Les New Cackle Sisters

Les New Cackle Sisters unissent à nouveau leurs talents à l’étonnante multidisciplinarité de l’Orchestre d’Hommes-Orchestres. C’est à l’Usine C que le duo reprend les succès des DeZurik Sisters, vedettes de la radio en Illinois dans les années 40. Qualifiant leurs arrangements comme étant « agricoles », les New Cackle Sisters nous proposent un son complètement insolite et délirant amusant un public de tous âges. En effet, les plus vieux se rappelleront l’époque du yodle alors que les plus jeunes découvriront un country éclaté, vif et léger.

C’est avec une mise en scène humoristique et audacieuse que le duo de Québec se lance tout un défi vocal qui impressionne à chacune des chansons. La collaboration de l’Orchestre d’Hommes-Orchestres est essentielle à ce spectacle, puisqu’en plus d’être des musiciens de talent, les membres du groupe sont des machinistes incroyables. Leur prestation est admirable et sans eux, la performance des New Cackle Sisters pourrait sembler répétitive…

Bref, pour une soirée en toute légèreté, les New Cackle Sisters proposent un divertissement assuré !
PAR MARIE-EVE JACQUES
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Les New Cackle Sisters
Usine C
3 au 5 novembre 2009

lundi 2 novembre 2009

Appris par corps

La TOHU reçoit un duo masculin, mi-français, mi-québécois pour seulement quatre jours de portées acrobatiques. Après leur rencontre en 2005, Frédéric Arsenault et Alexandre Fray se sont réunis afin de partager la même passion pour leur pratique. Arsenault venant de perdre son partenaire, Fray arrivait à point.

Après une résidence entre les murs de la Cité des Arts du Cirque à l’été 2007, les deux acolytes présentent un spectacle durant lequel la technique est à couper le souffle. Présentant une symbiose parfaite, les deux acrobates proposent une histoire simple ayant pour trame les dualités entre humains. Les longueurs qu’il est possible de ressentir durant le spectacle sont en fait un choix artistique car, comme l’explique Arsenault, le rien sur scène est porteur de beauté.

D’une durée de 50 minutes, le spectacle offre de beaux moments durant lesquels le détail est à l’honneur et offre au spectateur accès à l’intimité des acrobates. C’est donc une belle complicité franco-québécoise que nous retrouvons sur la scène de la TOHU, signée Un loup pour l’homme!
PAR ANDRÉE-ANNE BRUNET
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Appris par corps
TOHU
Avec Frédéric Arsenault & Alexandre Fray
Mise en scène de Arnaud Anckaert
21 octobre au 24 octobre 2009

jeudi 22 octobre 2009

The Age I'm In

Jusqu'au 25 octobre, la 5ème Salle de la Place des Arts nous fait le plaisir de recevoir la chorégraphe australienne Kate Champion et la troupe Force Majeure. C'est suite à des entrevues auprès de 80 personnes de différentes générations, que la chorégraphe a su tisser une toile reflétant la société australienne actuelle.

Abordant de nombreux thèmes personnels, tels que l'amour, la sexualité et la maladie, les 11 interprètes âgés de 15 à 80 ans se présentent au public de façon naturelle, humaine et sensible. Chaque interprète joue plusieurs personnages, sans toutefois se les approprier de façon égale, ce qui enclenche parfois des moments qui traînent en longueur et qui manquent de rythme. La multidisciplinarité est au rendez-vous, mais n'est pas encore au point. Bien qu'on y sente les forces de chacun, que ce soit la danse ou le jeu, les faiblesses sont présentes et tachent les tableaux.

N'empêche que le public ne peut que se reconnaître dans les propos tenus par les artistes. C'est principalement grâce à l'utilisation efficace du multimédia, par l'entremise de petits écrans mobiles, que l'ambiance s'allège et nous permet de respirer. C'est là un élément fort percutant qui mérite d'être découvert.

PAR MARIE-EVE JACQUES
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The Age I'm In
5ème Salle de la Place des Arts
par Kate Champion
Interprété par Force Majeure
Jusqu'au 25 octobre 2009

mercredi 7 octobre 2009

De jeunes mimes prennent d'assaut l'Espace Libre


Pour sa 35e saison, la compagnie Omnibus a demandé à Réal Bossé, Pascal Contamine et Christian Leblanc de mélanger leur savoir afin de concocter un spectacle de mime. Ayant fait le choix de travailler avec de jeunes interprètes de l’École de mime de Montréal, les trois metteurs en œuvre offrent une œuvre rafraîchissante et provocatrice qui dépeint la génération Y. Issus de trois milieux différents, Bossé, Contamine et LeBlanc sont parvenus à une belle cohésion entre les différentes propositions théâtrales.

Ce qui est admirable dans cette œuvre est définitivement la maîtrise corporelle dont font preuve les six interprètes. En un mouvement de jambe ou d’épaule, ils nous font vivre une gamme d’émotions. Sabrina Connell-Caouette, Jennyfer Desbiens, Solo Fugère, Xavier Malo, Sacha Ouellette-Deguire et Anne Sabourin ont certes un avenir sur les planches théâtrales. Il faut souligner la performance de Sacha qui interprète un chien tout à fait crédible avec son popotin.

Composé de surprises, supporté par des corps en contrôle, Rêves, Chimères et Mascarade est un must de la saison automnale de l’Espace Libre.


PAR ANDRÉE-ANNE BRUNET

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Rêves, chimères et mascarade
Espace Libre
Avec Sabrina Connell-Caouette,
Jennyfer Desbiens, Solo Fugère,
Xavier Malo, Sacha Ouellette-Deguire
et Anne Sabourin
Mise d’oeuvre : Réal Bossé,
Pascal Contamine et Christian LeBlanc
Du 22 septembre au 10 octobre 2009