lundi 26 janvier 2009

Provincetown Playhouse, 19 juillet 1919, j'avais 19 ans

C’est assaillie par une perplexité déconcertante que je suis sortie du théâtre d’Aujourd’hui après une représentation de «Provincetown Playhouse, juillet 1919, j’avais 19 ans». Un phénomène, cette pièce? Certes. De l’innovation? Assurément. Un coup de cœur? J’émets un doute.

Carole Nadeau, metteure en scène de la compagnie Pont Bridge qui fait dans le multimédia au théâtre, nous entraîne dans une dimension parallèle avec des éclairages, des miroirs, des sons, des bruits. Bien que l’histoire en soi amène déjà son lot de frayeur, l’équipe du Pont Bridge complète le tableau grâce a des installations scéniques, rajoutant au climat de peur. Grâce aux effets créés, Mme Nadeau provoque un sentiment de cloisonnement venant servir le texte de Normand Chaurette. Or, peut-être y avait-il «trop» d’effets visuels et que cela brouillait un brin la brillance de l‘histoire...

Les mots de Chaurette sont sans contredit d’une incroyable intensité et entraînent le spectateur dans un film d’horreur alors que 3 jeunes comédiens sont condamnés pour avoir procédé à l’immolation de la beauté en sacrifiant un enfant.

Malgré toutes ces bonnes idées, au terme du spectacle, je ne peux que me sentir perplexe face à cette représentation me laissant tiède. Même les spectateurs ont hésité à applaudir. Manquait-il un élément pour gagner le public ou l’avant-gardisme de la représentation jouait-il contre elle?
ANDRÉE-ANNE BRUNET
«Provincetown Playhouse, 19 juillet 1919, j'avais 19 ans»
Avec Martin Bélanger, Christian Brisson-Dargis,
Benoît Drouin-Germain, Éric Forget et Xavier Malo
Texte de Normand Chaurette
Mise en scène de Carole Nadeau
Théâtre d'Aujourd'hui
Du 13 au 31 janvier 2009

Oz, théâtre enchanté

Première expérience à la Maison Théâtre : un délice! La Maison Théâtre est un lieu de rêve, une destination aventure où l’on est certain de trouver le bonheur. Bien que destiné prioritairement aux tout petits, le théâtre de la rue Ontario ouvre ses portes à tous ceux dont la tête permet encore à l’imagination de vagabonder.

C’est donc le cœur léger, voire «la paix dans l’âme!», que j’ai franchi les portes de ce superbe bâtiment pouvant se vanter d’avoir une des plus belles salles de spectacle de Montréal. Tout est pensé pour l’enfant, de la salle et son inclinaison pour permettre à tous de voir, jusqu’au coin lecture où l’enfant pour venir se délecter d’une histoire avant la représentation.

Après avoir été charmée par les lieux, c’était au tour de la pièce «Oz, théâtre enchanté» de me mettre un sourire au visage. Adaptation libre du conte du «Magicien d’Oz» de L. Frank Baum, dans une scénographie réduite mais oh combien exploitée au maximum, les comédiens Marie-Thé Morin et Pier Rodin s’arment d’une guitare, de leurs voix, d’ingénieuses marionnettes et de leur talent pour maintenir l’attention des petits comme des grands durant tout le spectacle. Un bonbon dégusté avec enthousiasme et un ravissement augmentant au gré des rires des jeunes spectateurs.

Pour une évasion du quotidien, un relâchement des neurones et l’assurance de vivre un véritable moment d’émerveillement, la Maison Théâtre est définitivement un plaisir à s’offrir, peu importe l’âge!
ANDRÉE-ANNE BRUNET
«Oz, théâtre enchanté»
Avec Marie-Thé Morin et Pier Rodier
Mise en scène de Piet Rodier et Pierre Simpson
Maison Théâtre
Du 7 au 25 janvier 2009

Symbioses

Le théâtre Premier Acte, véritable tremplin pour la création, joue audacieusement en permettant à de jeunes créateurs de Québec de mettre en scène le texte bien particulier de Jocelyn Pelletier : «Symbioses». C’est une bien étrange histoire que Lucien Ratio et Jocelyn Pelletier racontent ces temps-ci au théâtre intimiste de la rue Salaberry. «Symbioses», c’est deux vies qui semblent en tout point opposées mais qui se trouveront une finalité commune au bout d’une heure et quart de théâtre.

Les deux comédiens sur scène limitent au maximum leurs déplacements, leurs mouvements corporels de sorte que tout est dans la voix et tout passe par les yeux. Mise en scène simpliste qui, parfois, pousse à se demander si les comédiens ne font pas que raconter machinalement une histoire au lieu de la vivre… Bien que ce soit une façon originale d’approcher une œuvre, quelques petits clichés truffaient le parcours et je sentais les fourmis me monter dans les jambes en attendant une apogée, une émotion forte.

Ces moments qui changeaient du presque stoïcisme des visages des comédiens sont survenus à quelques courtes reprises alors que les projections vidéos d’Eliot Laprise et les ambiances sonores de Millimetrik ajoutaient une certaine violence au texte de Pelletier. Sans en abuser ni nous agacer par quelques fugaces apparitions, le multimédia était utilisé ici de façon adéquate et complémentaire à la représentation.
Bref, sans passer à l’histoire, «Symbioses» fait certainement d’intéressantes propositions et l’équipe promet de chouettes découvertes pour les années à venir. À suivre!

ANDRÉE-ANNE BRUNET
«Symbioses»
Avec Lucien Ratio et Jocelyn Pelletier
Texte de Jocelyn Pelletier
Mise en scène d'Olivier Lépine
Théâtre Premier Acte
Du 20 au 31 janvier 2009

mardi 20 janvier 2009

La femme française et les étoiles


Une femme fait la récapitulation de certains souvenirs et anecdotes d’il y a plus d’une trentaine d’années. Passant à travers plusieurs histoires d’amours farfelues, étranges et charnelles, on assiste à la confrontation entre la pensée, la raison et l’émotion de la protagoniste.

La symbiose entre l’interprétation théâtrale de Louise Marleau et la prestation de Pau Bachero, à titre de mime, est au cœur de « La femme française et les étoiles ». Dès le début de la pièce, on ne peut s’empêcher d’apprécier l’ingéniosité et l’esthétisme de la mise en scène. Elle apporte une perspective du mouvement qui s’avère franchement intéressante, particulièrement en ce qui concerne l’exécution de la mimographie. De plus, la création sonore incongrue introduit brutalement une ambiance surréaliste.

« La femme française et les étoiles » est une pièce aux textes complexes qui semble viser un public davantage élitiste. Même si, à quelques reprises, le jeu et les mimes viennent alléger la lourdeur des textes, on peut rapidement perdre le fil entre la chronologie des souvenirs et les états psychologiques des personnages. Sans être choqué, les quelques épisodes de vulgarités sexuelles de la pièce n’enrichissent pas particulièrement le déroulement de la réflexion de la femme.

Une œuvre esthétiquement irréprochable, au contenu complexe et abstrait, pour les fervents amateurs de théâtre qui souhaitent goûter à l’incontestable performance de Louise Marleau et Pau Bachero.


PATRICE OUIMET

«La femme française et les étoiles»
Maîtrise d'oeuvre de Jean Asselin et Marie Lefebvre
Espace Libre
13 janvier au 7 février 2009


jeudi 15 janvier 2009

This is What Happens Next

C’est à Montréal que Daniel MacIvor et Daniel Brooks ont décidé de présenter en première mondiale, leur toute nouvelle création, "This is What Happens Next". Cette collaboration, entraîne le public, majoritairement très jeune, dans une série de monologues surprenants, humoristiques, voire provocateurs, sous les thèmes de l’égocentrisme, de l’amour et des relations interpersonnelles. Une pièce actuelle, qui nous charme dès les premières minutes et ne cesse de nous faire rire et réfléchir sur nos valeurs à « consommation rapide ».

Daniel MacIvor s’offre un défi d’interprétation des plus impressionnants, avec une série de personnages, allant de l’avocat à l’astrologue, en passant par le père absent et l’enfant. Le jeu est sublime, mais il en résulte quelquefois une identification difficile, en l’absence de costume et de décor. La différenciation est facilitée avec le nom de chacun en arrière-plan, mais l’histoire de chacun devient entremêlée. La qualité du spectacle n’est en rien diminuée, Daniel MacIvor charmant les spectateurs au moindre mot.

Il est essentiel de mentionner la qualité des éclairages de Kimberley Purtell, personnifiant et clarifier chaque monologue. De plus, les effets sonores de Richard Feren, jouant avec les propos du comédien, ramènent sans cesse le spectateur en complicité avec lui et sont plus que pertinents. "This is What Happens Next" est véritablement une œuvre contribuant à la réputation de qualité du théâtre canadien.

MARIE-EVE JACQUES
«This is What Happens Next»
par Daniel MacIvor et Daniel Brooks
Usine C
14 au 17 janvier 2009

mercredi 14 janvier 2009

Faits pour s'aimer


En cette fin d’année 2008, le théâtre Jean-Duceppe présente une tordante comédie romantique dans laquelle est démontré qu’il existe des fous pour croire à n’importe quelle folie.

Suzy est spontanée. D’une folle spontanéité à vrai dire. Victime de sa propre folie? On ne saurait dire. Suzy est convaincue que Vito est l’homme de sa vie. Une fois le choc du coup de foudre passé, elle ne démord pas : il est ce qu’il lui faut, elle est ce dont il a besoin. Cette envie démesurée d’un homme, de CET homme, poussera l’électrisante Suzy à retenir l’impeccable Vito dans son appartement, le temps d’une tempête de neige. Deux êtres aussi drastiquement opposés peuvent-ils être faits pour s’aimer? À première vue, non. Or, à force de subterfuges, Suzy nous convainc, se convainc et convainc Vito que leur rencontre était écrite dans le ciel.

Adaptée par l’énergique Danielle Proulx et dans un décor coloré signé Marc Senécal, Proulx et son acolyte Henri Chassé, offrent deux heures délectables de rebondissements, de rires à gorge déployée et de réflexion sur l’amour, autant homme-femme que père-fils. «Faits pour s’aimer» est un véritable baume sur le cœur de tous ceux croyant encore au coup de foudre!


ANDRÉE-ANNE BRUNET

«Faits pour s’aimer»
Avec Danielle Proulx & Henri Chassé
Mise en scène de Michel Poirier
Théâtre Jean-Duceppe
17 décembre au 7 février 2009