mardi 30 septembre 2008

Halpern et Johnson

En bref, Halpern et Johnson sont deux hommes liés davantage qu’il n’y parait. En fait, ils ont aimé la même femme leur vie entière. Leur rencontre à l’enterrement de cette dernière semble complètement absurde. Lorsqu’ils découvrent qu’ils chérissent la douce mémoire d’un même être disparu, leur réaction s’oppose. L’un, doux comme un agneau, veut se livrer. L’autre, rude et sec, refuse de croire qu’un autre homme ai pu partager la vie de son épouse. Léger, comique et dramatique à la fois, Halpern et Johnson illustrent la passion d’aimer et la magie de la vie.

Malheureusement, la pièce ne rejoint pas les 25 ans et moins. On esquisse un sourire, on rit à quelques blagues mais on n’est pas touché au cœur. Cette histoire semble d’une autre génération. Somme toute, les plus vieux y verront des références à leur propre vie alors que les plus jeunes verront deux «grands-papas» nostalgiques sur scène. Est-ce suffisant pour vous intéresser?
ANDRÉE-ANNE BRUNET
"Halpern et Johnson"
Avec Gérard Poirier et François Tassé
Mise en scène de Monique Duceppe
Théâtre Duceppe
du 10 septembre au 18 octobre 2008

lundi 29 septembre 2008

La Vie

C’est avec beaucoup d’enthousiasme que Scène à scène a eu le privilège de passer la soirée à la TOHU, certainement l’une des plus belles infrastructures culturelles au Québec. Le nouveau spectacle de la troupe de cirque les 7 doigts de la main y était présenté en grande primeur. On remarquera l’innovation, dès l’entrée dans la salle, par la présence de DJ Pocket qui a créé une atmosphère musicale et sonore hors du commun. À l’entrée des spectateurs, les artistes étaient déjà dispersés un peu partout dans l’assistance. C’est alors que nous étions déjà dans le bal.
"La Vie" aborde le thème du jugement dernier dans une optique contemporaine. A-t-on des regrets face à notre vie ? Considérons-nous l’importance de la vie au moment présent? Durant 90 minutes, on peut suivre le parcours d’une réflexion philosophique profonde sur la vie à travers le drame, les rires, les acrobaties, la musique et les dialogues percutants des personnages.
Les huit artistes multidisciplinaires incarnent des protagonistes séduisants et extrêmement stylisés. Leur jeu, riche et juste, témoigne d’un grand talent pour plusieurs aspects des arts de la scène. Notamment, Sébastien Soldevila, dans le rôle du maître de cérémonie, qui a donné une performance savoureuse. Il a su séduire le public québécois en quelques minutes…

Sommairement, il s’agit là d’une expérience importante à vivre dans la culture québécoise. Du grand talent, de l’innovation et beaucoup de plaisir sur scène comme dans le public.

PATRICE OUIMET

"La Vie"
par Les Sept doigts de la main
Tohu
du 23 au 27 septembre et 30 septembre 2008
1 au 4 octobre 2008
7 au 11 octobre 2008

Blue Man Group

Le Centre Bell explosait d’énergie et de rythme jeudi soir. Les percussionnistes bleus et leurs acolytes étaient à Montréal dans le cadre de leur tournée mondiale : « How to be a Megastar World Tour ». Le spectacle a été introduit par David Garibaldi, un peintre qui se distingue par ses portraits qu’il peint en quelques minutes. Après une vingtaine de minutes de création sous la musique rythmée et les encouragements de la foule, David Garibaldi a pondu quatre portraits à l’esthétisme renversant. Une approche des arts visuels que l’on se doit de découvrir.

Blue Man Group a définitivement ravi le public montréalais par sa musique originale, son dynamisme et sa présence sur scène. Ce groupe d’origine new-yorkaise parcourt une grande myriade de genres musicaux depuis déjà 20 ans. Depuis de nombreuses années, on qualifie Blue Man Group comme étant révolutionnaire, musicalement solide et théâtralement impressionnant.
C’est dans une mise en scène extraordinairement complexe que, jeudi soir passé, le spectacle s’est déroulé avec une synergie parfaite entre les éclairages, les projections vidéos et la musique. Bombardé d’effets sonores et visuels ingénieux, le jeu des trois musiciens bleus est définitivement au cœur du spectacle. Leurs mimes, expressions et attitudes sont si explicites que l’usage de la parole leur est complètement inutile. Faisant participer le public tout au long du spectacle, Blue Man Group a créé un lien particulier avec la foule qui l’a d’ailleurs démontré par sa grande satisfaction.

Bref, un spectacle qui passionnera certainement les grands amateurs de musiques comme les néophytes.

PATRICE OUIMET
Blue Man Group
Centre Bell
25 septembre 2008

dimanche 28 septembre 2008

Wave

Cet automne, le chorégraphe Sylvain Émard présente le dernier volet de sa "Climatologie des corps" à l'Usine C. Un spectacle traitant de l'environnement influençant les corps, souvent victimes des transformations extérieures. Un éclairage et une trame sonore saccadés, voire agressifs, qui ne peuvent laisser le spectateur indifférent.

Une chorégraphie exigeante, quoique quelque peu répétitive. Les cinq danseuses ont toutefois relevé le défi avec brio. Un spectacle physique où les points de repère se font rares. Le public est charmé et ne peut qu'admirer ces artistes qui, durant un peu plus d'une heure, honorent le travail et la créativité de Sylvain Émard. Ce dernier a plus d'une quinzaine de créations à son actif, lui ayant mérité de nombreux prix au cours de sa carrière. Il revient d'ailleurs d'Italie, où il a collaboré avec Robert Lepage, pour l'opéra "1984".

Enfin, les amants de la danse contemporaine ne seront pas déçus du dernier volet de la trilogie de Sylvain Émard. Toutefois, les initiés risquent d'en sortir légèrement étourdis par la chorégraphie bien distinctive et fidèle à son créateur. "Wave" est un spectacle exigeant, physique et bien ancré dans la réalité d'aujourd'hui.

MARIE-EVE JACQUES

"Wave"

Avec Karissa Barry, Sarah Murphy, Erika-Leigh Stirton,

Catherine Viau et Megan Walbaum

Chorégraphie de Sylvain Émard

Usine C

du 9 au 20 septembre 2008

vendredi 26 septembre 2008

Le Palier

Une femme d’âge mur et un jeune adulte vivent sur le même étage d’un bloc d’appartements. L’un à la vie devant soi alors que l’autre voit la sienne arriver à son terme. Une rencontre intergénérationnelle tout d’abord peu probable se transforme doucement en amitié. À ce moment-là, difficile de cerner qui veille sur qui. Est-ce si important? Tout ce qui les opposait à prime abord leur permettront de vivre plus intensément et les lieront jusqu’à la mort...

Grâce à un texte et une mise en scène d’une simplicité déconcertante, «Le Palier» permet une belle initiation au monde théâtrale. Pour ceux déjà initiés, on a l’impression de revenir à un théâtre dans lequel le spectateur n’est pas perdu dans les méandres d’un décor à n’en plus finir et des costumes où la dentelle étouffe le jeu du comédien. Et tout ça fait du bien.

Marie-Ginette Guay, dans le rôle de Julie, offre une prestation délectable alors que Lucien Ratio, à peine sortie du Conservatoire d’art dramatique de Québec, relève le défi d’incarner Nicolas avec brio. Bref, un duo étonnant sachant rendre l’ordinaire extraordinaire.

ANDRÉE-ANNE BRUNET

"Le Palier"
Avec Marie-Ginette Guay & Lucien Ratio
Mise en scène de Frédéric Dubois
La Licorne
du 16 septembre au 4 octobre 2008

jeudi 25 septembre 2008

Oh les beaux jours

Becket est loin d’être accessible aux gens désirant s’initier à l’art théâtral puisque, bien que porté par des comédiens chevronnés, ses textes sont lourds, lourds de sens, lourds de silence. Et «Oh les beaux jours» ne fait pas exception. Pourtant, la pièce est une réussite grâce à la renversante performance de la magnifique Andrée Lachapelle. Grande dame élégante du théâtre québécois, Mme Lachapelle offre un monologue d’une heure trente et ce, de façon totalement raffinée.

Becket nous présente Winnie, une femme simplette enterrée jusqu’à la taille dans un banc de sable. Elle résiste mais ne cherche pas à se battre. Pourtant, elle refuse de mourir. En fait, elle ne se donne pas le choix. Une femme vivant dans le passé puisqu’elle a compris, sans jamais l’avouer, qu’elle n’a pas d’avenir. Winnie est seule du haut de son monticule, seule avec ses grains de sable témoins des gestes répétitifs qu’elle pose jour après jour pour se donner l’impression de vivre. Elle s’acharne et résiste, lune après lune.

Il y a Willie, son mari qui n’est plus grand-chose. Une loque vivante ayant autrefois aimé. Il est une faible bouée pour Winnie qui, comme seule lumière dans son univers, espère l’entendre grogner à nouveau puisque la parole ne fait plus partie de son répertoire vocal.

Cette pièce souligne le retour d’André Brassard à la mise en scène après un accident cardiovasculaire. Intéressant de constater la façon dont Brassard a utilisé la Winnie de Becket comme thérapie, projetant du même coup un cri au monde entier comme quoi sa lutte est loin d’être finie. Chapeau à Brassard pour oser un retour sur les planches et pour oser s’attaquer à un Becket absurde et à une Winnie plus grande que nature.

Bref, «Oh les beaux jours» est une petite intrusion donc dans ce monde parallèle nous rappelant notre propre acharnement afin de trouver le bonheur à travers une multitude de futilités. Winnie ne fait que nous rappeler notre statut de grain de sable dans cette montagne de minéraux qu’est le monde!

ANDRÉE-ANNE BRUNET

"Oh les beaux jours"
Avec Andrée Lachapelle & Roger Larue
Mise en scène d'André Brassard
Espace Go
du 9 septembre au 11 octobre 2008

King Lear contre-attaque

Et si des clowns tentaient de comprendre Shakespeare? Et si, avec toute leur maladresse, leur naïveté, leur compréhension au premier degré, ils nous introduisaient à cet univers? Et si, s’empêtrant dans leur bouffonneries, ils mêlaient les différentes histoires mais arrivaient tout de même à nous faire croire que les Othello, Desdémonde, Iago, Hamlet et King Lear du grand Will sont vivants devant nos yeux?

D’abord joué à Québec au théâtre Périscope en 2004, les Productions Préhistoriques proposent à la population montréalaise un rafraîchissement théâtral d’une heure et quart où les références politiques, les jeux de mots et les procédés d’exagération et de répétition en mettent plein la vue.

Aux premiers abords, on croit assister à une pièce montée par des apprentis comédiens cégepiens. Un cow-boy, un chat, un matelot, un cuisiner, une princesse et un homme de Cro-Magnon se bouscule sur scène pour raconter King Lear. On abandonne rapidement l’idée jugée trop complexe. C’est alors qu’un simple mouchoir déclenche les foudres d’Othello. La douce folie opère et à ce moment, on se laisse prendre au jeu et on réalise que seuls des artistes calés en matière clownesque peuvent réussir à nous faire croire à des personnages aussi délurés sans pour autant tomber dans le cliché.

Qui aurait cru que Shakespeare pouvait être léger et drôle?


ANDRÉE-ANNE BRUNET

"King Lear contre-attaque"
Avec Alexia Bürger, Catherine Larochelle, Véronika Makdissi-Warren,
Sophie Martin, Francis Martineau et Alexandra Morais
Mise en scène par Jacques Laroche
Espace Libre
du 28 août au 13 septembre 2008

mardi 23 septembre 2008

Bonjour à tous!

Nous vous souhaitons la bienvenue sur le blogue de l'émission de radio "Scène à scène" en ondes sur Choq.fm tous les jeudis à 14h. Au courant des prochains mois, les chroniqueurs de l'émission publieront ici certaines de leurs chroniques, critiques ou opinions.

Revenez nous voir souvent et n'hésitez pas à nous laisser un mot.