samedi 25 avril 2009

By the light of stars that are no longer...

Pour la première fois, la Tohu nous présente une troupe australienne, C!RCA, l’une des plus importantes compagnies de cirque contemporain. Audacieuse, innovatrice et sensible, l’approche qu’adopte la compagnie atteint un public non-conventionnel et surtout, plus âgé. Mêlant le cirque, la danse contemporaine et les arts martiaux, « By the light of stars that are no longer… » est une œuvre qui repousse les limites du corps humain. Les acrobaties sont uniques et fort complexes. Par exemple, le « lancer de la fille », aujourd’hui presque disparu, impressionne et fait réagir le public, au bout de son siège. La modernité du spectacle est aussi établie à travers la trame sonore, parfois violente, parfois angélique. De plus, l’éclairage, véritable jeu d’ombre et de lumière, oblige le spectateur à se concentrer, à vivre cette expérience désarmante et à se laisser transporter par cette vague d’émotions. C!RCA est composée d’artistes multidisciplinaires, engagés et prêts à tout pour explorer les possibilités acrobatiques. Un seul bémol au spectacle : quelques longueurs, dont le numéro de trapèze, répétitif quoique fort admirable, et les interprétations de danse théâtrale, difficiles à cerner. Toutefois, espérons que la Tohu accueillera de nouveau C!RCA, le nouveau souffle du cirque contemporain.

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MARIE-EVE JACQUES

«By the light of stars that are no longer…»
Créé par Yaron Lifschitz et C!RCA
Interprété par Darcy Grant, Chelsea McGuffin,
Jesse Scott, Emma Serjeant et Lewis West
Du 15 au 19 avril 2009
La Tohu

mercredi 8 avril 2009

L'effet des rayons gamma sur les vieux garçons

Lorsque des fleurs radioactives sont signes d’espoir, c’est que quelque chose cloche. Pour ne pas tourner rond, la famille Messier est passée maître. Béatrice, la mère monoparentale, est terriblement malheureuse et l’exprime par une excentricité déconcertante. Femme amère et désillusionnée depuis le départ de son mari, Béatrice élève ses deux filles, Mathilde et Rita, qu’elle surprotège. Rita, nerveuse et épileptique, souffre des commérages qui se font sur sa mère et sa sœur. Quant à Mathilde, petit génie, elle s’évade dans les sciences en se lançant dans des recherches sur les réactions que le Cobalt 60 produit chez les vieux garçons. Malheureusement pour elle, sa mère la garde égoïstement à la maison. Un voile de solitude entoure ces trois bouts de femmes.

«L’effet des rayons gamma sur les vieux garçons» est un drame autobiographique s’inspirant de l’enfance de l’auteur de la pièce, Paul Zindel. Sur scène, la cacophonie d’une vie familiale dysfonctionnelle. Une approche réaliste et crue, quoique poétique, à la René Richard Cyr. Sylvie Drapeau propose une Béatrice éclatée, déchirée, à la limite d’une caricature qui nous permet cependant de comprendre le gouffre dans lequel elle s’enfonce. Néanmoins, certains passages donnent l’impression de stand-up comique qui font certes rires mais qui dérangent également, comme si le public rieur oubliait le tragique de la représentation.

Somme toute, le trio féminin composé de Sylvie Drapeau, Catherine de Léan et Émilie Bibeau présente une force de jeu et un talent certain. Malgré la tristesse de l’histoire, les graines de vieux garçons que plante Mathilde sont porteuses d’une certaine lumière et le spectateur se permet de rêver que la radioactivité amènera le bonheur au sein de cette famille. Préparez-vous à une rencontre insolite mais ô combien humaine, au théâtre du Rideau Vert.
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ANDRÉE-ANNE BRUNET
«L’effet des rayons gamma sur les vieux garçons»
Avec Sylvie Drapeau, Émilie Bibeau, Catherine de Léan,
Geneviève Schmidt et Monique Joly.
Texte de Paul Zindel, traduit par Michel Tremblay
Mise en scène de René Richard Cyr
Théâtre du Rideau Vert
Du 24 mars au 18 avril 2009

Scotstown

Il faut être averti pour assister à un spectacle de Fabien Cloutier. L’auteur et interprète à la plume dérangeante plonge dans l’insolite et le vulgaire en nous livrant «Scotstown», un collage de cinq contes à saveur de stand-up comique. Le personnage sans nom de Cloutier nous entraîne dans une épopée improbable où la statue de Champlain à Québec, les monuments de neige de Saint-Bernard, un bar quelconque de la Sainte-Catherine et un petit village nommé Scotstown se retrouvent simultanément sur scène. Des histoires de saoulerie, de baises et de rencontres surnaturelles se côtoient et se chevauchent.

À la fois crus, poétiques et déplacés, les mots de Fabien Cloutier ne laissent pas indifférents et mettent la table pour une soirée décapante. Les spectateurs sont invités à se munir d’une bonne bière frette afin de bien entamer ce véritable party théâtral. Délicieux croisement entre le conte et le spectacle d’humour, «Scotstown» est divertissant et bidonnant à souhait. Oreilles chastes, s’abstenir!

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ANDRÉE-ANNE BRUNET
«Scotstown »
Écrit et interprété et mis en scène par Fabien Cloutier
Grand Théâtre de Québec
17 avril 2009 : Cabaret La Basoche à Gatineau
25 avril 2009 : Salle Marc-Dion à Sept-Îles
28 avril 2009 : Gaspé
2 mai 2009 : Montmagny

lundi 6 avril 2009

Aaatchoum !

Un quintet clownesque prend d’assaut la scène de la Maison Théâtre, déclenchant des rires interminables et des salves d’applaudissements incontrôlables; un vrai show rock! Madame Soiz, femme de caractère à qui il vaut mieux obéir, prépare son grand moment scénique; avec ses musiciens et acolytes, elle fait tout pour présenter ses compositions musicales agrémentées de ukulélé. Mais rien ne va…

Rocco le technicien s’empêtre dans les fils, Jean-Marie le présentateur ne peut aligner deux mots sans se faire interrompre, Fabrisio le chef d’orchestre n’a qu’une chanson en tête et Olivier le percussionniste utilise ses baguettes partout où il peut créer de la musique. Une sympathique cacophonie s’installe sur scène. Ajoutez-y des acrobaties, des improvisations musicales rocambolesques et des personnages dont les personnalités ne concordent pas mais qui sont pourtant si adorables et vous trouverez «Aaatchoum!», une improbable rencontre clownesque. Une curieuse folie arrosée de dérapages orchestrés, un moment intense pour le plus grand plaisir des yeux qui tentent de tout saisir à la fois. Décidément, la joyeuse troupe du Théâtre de l’Aubergine n’offre aucun repos et c’est tant mieux!
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ANDRÉE-ANNE BRUNET

«Aaatchoum!»
Avec Jean-Marie Alexandre, Olivier Forest,
Soizick Hébert, Roch Jutras & Fabrice Tremblay
Collectif de création sous la direction artistique de Paul Vachon
Mise en scène de Rénald Laurin
Maison Théâtre
Du 25 mars au 11 avril 2009

mercredi 1 avril 2009

Starmania


Une énergie spéciale a envahi la salle Wilfrid Pelletier lundi soir. C’est par une ovation extraordinaire d’une quinzaine de minutes que s’est terminée la quatrième représentation de la version lyrique de Starmania.

Tout d’abord, soulignons l’incroyable performance de l’Orchestre métropolitain du grand Montréal. Sous la direction de Simon Leclerc, l’orchestration montréalaise a su présenter un univers musical riche et entraînant, agencé aux sublimes voix de la distribution. Le résultat est une expérience musicale et théâtrale à couper le souffle. Il est important de noter que l’adaptation des chansons de Starmania en version lyrique n’étais pas une quête de tout repos. Et pourtant, la transition s’est effectuée à merveille.

Du côté de l’interprétation, le public avait le privilège de voir une distribution entièrement canadienne. Plusieurs grands talents ont véritablement conquis le public avec des prestations solides qui transmettaient une émotivité exceptionnelle à travers les textes. Notons l’incroyable performance de Marie-Jeanne interprétée par Marie-Josée Lord, soprano, ainsi que de Ziggy interprété par Pascal Charbonneau, ténor. Autant à travers leur jeu qu’à travers le chant, ils ont véritablement charmé le public, particulièrement dans la scène finale, grâce à une montée dramatique puissante. Toutefois, certains moments cruciaux, tel que le « blues du business man » ont manqué d’intensité, contre toute attente !

En ce qui concerne la mise en scène, il y avait également de grandes surprises. Une mise en scène entièrement composée de projections sur des draps semi-transparents. L’aspect multimédia de la version lyrique de Starmania était vraiment bien agencé au reste du déroulement de la pièce. Accompagné d’un éclairage ingénieux, on ne pouvait qu’embarquer dans l’histoire sans aucune distraction.

L’adaptation d’une création dans une autre forme artistique représente un défi énorme pour les créateurs comme pour les interprètes. L’opéra rock Starmania en version lyrique s’est avéré un franc succès à tous les niveaux ! Une excellente introduction à l’Opéra, et ce pour un grand public !
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PATRICE OUIMET

« Starmania -Opéra de Montréal »
Plamondon/Berger
Mise en scène : Michel Lemieux et Victor Pilon
Place des Arts
Du 14 au 28 mars 2009