dimanche 6 décembre 2009

Une maison propre

Le Théâtre de l'Opsis propose, dans le cadre de son exploration de la dramaturgie américaine, présente "Une maison propre", une oeuvre de Sarah Ruhl, pour lequel l'auteure a reçu le prix Susan Smith Blackburn et a été finaliste pour un prix Pulitzer.

"Une maison propre", c'est l'histoire de Mathilda, une jeune comédienne brésilienne à la recherche de la blague parfaite. En attendant d'accomplir son rêve, elle fait le ménage chez un couple de médecins, Lane et Charles, qui malgré un succès professionnel, voient leur amour partir à la dérive. La soeur de Lane, une femme sans emploi et complètement folle du ménage, aide Mathilda dans ses démarches ménagères et artistiques.

Les personnages sont non seulement attachants, mais aussi formidablement mis en vie par une distribution remarquable. Émilie Bibeau, dans le rôle de Mathilda, est impressionnante avec son accent brésilien constant, quoiqu'un peu stéréotypé. Monique Spaziani, dans la peau de Lane, réussit à nous émouvoir à travers l'absurdité de la pièce. Enfin, on ne peut passer à côté de la prestation d'Hélène Mercier, dans le rôle de la soeur de Lane. Le public reste pendu à ses lèvres et attend sa prochaine ligne. Sa gestuelle est remarquable et hilarante. Bref, "Une maison propre" est une oeuvre actuelle, drôle et émouvante sur l'accomplissement de soi et l'amour.

PAR MARIE-EVE JACQUES
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Une maison propre
Texte de Sarah Ruhl
Mise en scène de Martin Faucher
Avec Émilie Bibeau, Michel Laperrière,
Hélène Mercier, Patricia Nolin,
Denis Roy et Monique Spaziani
5ème Salle de la Place des Arts
19 novembre au 19 décembre 2009

La Réforme Pinocchio

Le théâtre Premier Acte de Québec prête sa scène à de jeunes auteurs-comédiens de la compagnie La Fleur de Cendre. La première création de cette dernière propose un univers ludique, une société dans laquelle tout est axé sur la productivité et l’exploitation des ressources. Depuis quelques années, les enfants de cet univers n’évoluent pas et se dirigent vers une mort certaine s’ils ne changent pas avant d’atteindre l’âge de la productivité. Le fils de l’empereur semble atteint du même mal et ce dernier doit réagir rapidement car le peuple se plaint. L’empereur et sa suite décident de s’attaquer à ce qui leur semble être la source du problème, soit l’éducation, plus précisément les gardiennes des enfants, ces êtres à moitié vivants ayant une télévision pour tête. C’est ainsi que s’enclenche la Réforme Pinocchio.

La pièce est rafraîchissante par son côté dénonciateur et le ridicule des situations proposées. Les personnages sont tous plus éclatés les uns que les autres, que ce soit le Dieu de tous qui est représenté par une statut dont le nom est Wal-Mart ou encore la gardienne des enfants qui est une réplique effrayante des Télétubbies. La Fleur de Cendre présente un conte moderne à l’humour acide où les éclats de rire sont suivis par des malaises dérangeants. Seule ombre au tableau : les quelques envolés lyriques qui alourdissent la fin de la pièce. Somme toute, la pièce frappe et les jeunes auteurs-comédiens offrent une brillante prestation.
PAR ANDRÉE-ANNE BRUNET
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La Réforme Pinocchio
Première création de la compagnie
La Fleur de Cendre
Collectif d’auteurs
Avec Marc Auger, Benoît Cliche,
Jean-Michel Girouard, Éliot Laprise,
Jean-René Moisan, Lucien Ratio
et 'Israël Gamache
Mise en scène de Jean-Michel Déry
Théâtre Premier Acte
10 novembre au 28 novembre 2009

L'Imposture

«L’Imposture», 17e pièce de la jeune Evelyne de la Chenelière, offre une rencontre avec Ève, une femme forte, intelligente mais vulnérable qui tire ses idées de romans de son entourage immédiat et des situations personnelles qu’elle vit. Elle souligne les maux de son entourage, les tares de leur vie. Sa relation avec son fils Léo est mise de l’avant alors qu’elle choisit de prendre son fils comme narrateur de son histoire. Sa fille Justine assombrit le conte en se rebellant, partant vivre dans un dangereux ghetto. Quant à l’homme de sa vie, Bruno, il ne semble pas réceptif aux écrits qui s’adressent pourtant à lui. La pièce propose un questionnement sur l’identité du véritable auteur d’un roman et sur les limites des sources d’inspiration de ce dit auteur.

À travers les relations qu’Ève entretient avec les gens l’entourant, l’acte créateur, le statut de parent et la condition de la femme sont décortiqués, questionnés. Des personnages éclatés comme celui de David Boutin, tournent en ridicule certains comportements humains et créent un pont entre le public et la pièce. Cette dernière met en avant-plan la relation entre Ève et son fils Léo. Petit hic : nous nous égarons en deuxième partie du spectacle alors que nous suivons la fille d’Ève, la rebelle Justine, qui s’enfonce dans les gouffres d’un ghetto. S’ensuit des blagues faciles sur les Noirs et une caricature futile et facile. Les idées sont là mais elles semblent plaquées sur une toile de fond. Malgré tout, avec des projections vidéo, un dynamisme dans la mise en scène et des acteurs chevronnés, «L’Imposture» nous amène entre deux mondes, entre la stabilité sécurisante et le goût de l’inconnu. C’est donc une intéressante réflexion sur l’acte créateur et son impact sur l’entourage de l’auteur qui prend d’assaut la scène du Théâtre du Nouveau Monde jusqu’à la mi-décembre.
PAR ANDRÉE-ANNE BRUNET
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L’Imposture
de Evelyne de la Chenelière
Avec Violette Chauveau, Francis Ducharme,
David Boutin, Sophie Cadieux, Jacinthe Laguë,
Hubert Proulx, Yves Soutière, Erwin Weche
Mise en scène de Alice Ronfard
Théâtre du Nouveau Monde
17 novembre au 12 décembre 2009