mercredi 29 octobre 2008

Eddy F. de Pute

Une maison fragile. Du gazon synthétique. Six jeunes. Assis, observant le public, attendant… Tout est prêt. Eddy F. de pute commence…

Eddy, adolescent en quête de vérité, après la mort de sa mère. Il quitte sa sœur et son père, fait face à la dure réalité en rencontrant un itinérant, une pute et un proxénète. La vérité est près de lui, mais la douleur et l’ambition de devenir un homme l’empêche de voir. Sa sœur cherche elle aussi, mais l’indépendance de son frère la laisse fragile. Puis, leur père : enragé, violent, atterré…

Le texte de Jérôme Robart est mis en scène par Fabien Fauteux, récemment diplômé de l’École supérieure de théâtre de l’UQÀM, dans une transposition du mythe d’Œdipe très crue, furieuse, voire « trash ». Les six jeunes acteurs se partagent non seulement la scène, mais les rôles. En effet, les personnages sont identifiés par un accessoire commun et sont joués différemment.

La compagnie UNThéâtre ose et provoque un public connaisseur. Eddy F. de pute n’est définitivement pas pour les âmes sensibles, ni les néophytes. Toutefois, c’est une belle occasion de voir à l’œuvre les jeunes créateurs.

MARIE-EVE JACQUES
«Eddy F. de pute»
Mise en scène de Fabien Fauteux
Théâtre Prospero
14 octobre au 1 novembre

mercredi 8 octobre 2008

Basso Ostinato

La compagnie Caterina Sagna est de retour à Montréal avec le spectacle Basso Ostinato et les danseurs Alessandro Bernardeschi, Antonio Montanile et Mauro Paccagnella. Deux hommes se retrouvent autour d'une table, discutant et ridiculisant le ballet diffusé à la télévision. La soirée s'annonce arrosée, les bouteilles d'alcool s'entassant progressivement. Rapidement, la télévision est remplacée par un troisième homme. Les conversations s'enflamment, se répètent. L'alcool fait son effet. Les discours sont confus, répétitifs. Les danseurs s'engouffrent lentement dans leur désespoir et se réfugient dans l'alcool qui devient leur prison illusoire. Le tout est de plus en plus complexe, violent, déchirant et confus.

Les danseurs sont d'une force et d'une précision remarquables. Leur fougue saisit le spectateur, qui tente de suivre leur chute, mais se retrouve souvent face aux interrogations sur les intentions de la chorégraphe. Toutefois, il est facile de se laisser embarquer par cette folie destructrice, grâce à l'humour allègeant, les textes évoluant dans la simplicité et surtout, les personnages attachants et sensibles.


Basso Ostinato est une belle introduction pour les initiés de la danse contemporaine, principalement en raison du côté théâtral auquel le public est plus familier. Définitivement, en sortant de la Cinquième Salle de la Place des Arts, on ne peut que se sentir bien, en ne saisissant toutefois pas ce qui nous a touché à ce point. Il faut croire que le subconscient en comprend beaucoup plus que nous le croyons !

MARIE-EVE JACQUES
«Basso Ostinato»
de la Compagnie Caterina Sagna
Cinquième Salle de la Place des Arts
1 au 4 octobre 2008

mardi 7 octobre 2008

La Fanciulla del West

Opéra de style américain, «La Fanciulla del West» de Puccini nous ramène au temps des cow-boys et de la ruée vers l’or. Minnie est la jolie tenancière du Polka, bar où les chercheurs d’or viennent boire, jouer et tenter de s’attirer les faveurs de la belle de la place. Bien malgré elle, Minnie se retrouve au centre d’un triangle amoureux dans lequel le shérif Jack Rance et le bandit Dick Johnson tentent de lui soutirer un ultime baiser. Le destin des trois se règlera lors d’une partie de poker décisive.

La musique est fort impressionnante et là-dessus, la chef d’orchestre Keri-Lynn Wilson mérite que nous lui levions notre chapeau. Il faut également souligner la mise en scène simple mais à la fois impressionnante lorsque tous les protagonistes se retrouvent sur scène. Coordonné autant de comédiens et chanteurs est un travail fort bien réussi par Thaddeus Strassberger. Cependant, nous avons l’impression d’assister à un «soap» américain avec tout ce que cela implique : répliques sans corps ni chair et expressions démesurément dramatiques. L’histoire est simple à souhait, voir versant dans le «quétaine».

Cela nous amène à nous questionner sur notre vision de l’opéra. Peut-être sommes-nous encore trop «vierge» d’opéra pour apprécier cet art à sa juste valeur? Nos références culturelles ne nous permettent peut-être pas de ressentir la profondeur des sentiments révélés par Minnie, Jack et Dick. Est-ce la raison pour laquelle cette pièce nous tirait davantage des rires que des larmes? La génération Y serait-elle trop «pressée» pour se laisser emporter dans le développement lent d’un opéra?

Qu’à cela ne tienne, c’est avec enthousiasme que l’équipe de Scène à Scène s’engage à assister à la prochaine production de l’Opéra de Montréal afin de s’outiller davantage pour mieux comprendre et critiquer cet art lyrique!



ANDRÉE-ANNE BRUNET


«La Fanciulla del West» de Puccini
Avec Susan Patterson, Julian Gavin, Luis Ledesma et Kristopher Irmiter
Mise en scène de Thaddeus Strassberger
Opéra de Montréal
20-24-27-29 septembre & 2 octobre 2008

lundi 6 octobre 2008

La vie devant soi

Madame Rosa, ancienne prostituée, femme de cœur et de corps, recueille le petit arabe Momo chez elle. Au fil des années, une complicité sans borne s’installe entre les deux personnages. Un amour inconditionnel naît, alimenté par l’innocence de l’enfance et l’expérience de la vieillesse. À travers les commentaires loufoques et naïfs du petit Momo, nous réfléchissons sur les différences sociales et sur les liens serrés qui peuvent se tisser entre des mondes opposés.

Catherine Bégin offre une prestation complètement renversante basée sur les dualités de son personnage, alors qu’elle livre une Madame Rosa dès plus charmante. Quant au jeune Aliocha Schneider, seulement âgé de 15 ans, il se taille rapidement une place dans le firmament des grands acteurs. Son jeune âge est loin d’être une entrave à la justesse de son jeu. Gardez son nom en tête!

Dans toute cette effervescence de talent, une petit ombre s’ajoute au tableau : les transitions entre les multiples scènes se font dans un noir qui s’étire et impatiente. Cette attente en vaut cependant la peine car nous retrouvons chaque fois plus d’humanité et de sensibilité dans les personnages. «La vie devant soi» est ainsi une belle réflexion sur une société bourrée de préjugés et un amour sans borne vivant malgré ces barrières sociales.


ANDRÉE-ANNE BRUNET

"La vie devant soi"
Avec Catherine Bégin, Aliocha Schneider, Pascal Rollin & Marco Ramirez
Mise en scène de Louise Marleau
Théâtre du Rideau Vert
du 23 septembre au 18 octobre 2008


dimanche 5 octobre 2008

ORGUE ET COULEURS invite l'OM

C’est dans la magnifique architecture de l’église Saint-Nom de Jésus dans le quartier Hochelaga Maisonneuve que j’ai assisté au grand concert d’ouverture du 10e festival d’automne d’Orgue et couleurs. Rien de moins que L’Orchestre Métropolitain du Grand Montréal et son chef Yannick Nézet Séguin pour introduire le festival. Tout d’abord, soulignons que le festival d’Orgue et couleurs est une formule innovante qui démocratise et colore la musique depuis ses débuts. L’organisme culturel à but non lucratif s’était donné pour mission : le partage de ses passions, la musique et l’orgue, avec tous les publics de l’est de Montréal. Aujourd’hui, le succès du festival rayonne sur toute la grande région métropolitaine.

Le spectacle a été introduit par une interprétation contemporaine d’orgue accompagné d’un ingénieux agencement de cuivres. Vibration, ambiance et émotion ont été ressentis dès les premières notes. Une grande aventure intellectuelle et émotionnelle en quelques minutes. Une belle découverte d’un instrument qui m’était si peu familier.

Puis Yannick Néz
et Séguin et son orchestre ont interprété trois morceaux aux disparités intéressantes : La Valse de Maurice Ravel, un extrait des Nuits d’été d’Hector Berlioz ainsi que les Tableaux d’une exposition de Modeste Moussorgsky. Ce qui est intéressant, c’est qu’avant d’entamer chaque morceau, le Chef partageait avec nous ses connaissances sur l’œuvre et nous proposait une vision en image en relation avec la musique. J’ai particulièrement apprécié cette approche, surtout parce que l’on tentait de démocratiser la musique classique.

Globalement, le concert fut un parcours débordant de saveurs et de couleurs éclatantes. Du rythme, des ambiances mystérieuses et des réflexions intéressantes. J’ai particulièrement apprécié l’œuvre de Moussorgsky, une interprétation très imagée et touchante à travers une sonorité riche.

Le festival d’Orgue et couleurs, une richesse culturelle à découvrir. Grâce à toute sa myriade d’activité, on peut aisément découvrir des nouveautés colorées et peut-être même une nouvelle passion pour la musique ?

PATRICE OUIMET

Allez découvrir ORGUE ET COULEURS
http://www.orgueetcouleurs.com