dimanche 6 décembre 2009

Une maison propre

Le Théâtre de l'Opsis propose, dans le cadre de son exploration de la dramaturgie américaine, présente "Une maison propre", une oeuvre de Sarah Ruhl, pour lequel l'auteure a reçu le prix Susan Smith Blackburn et a été finaliste pour un prix Pulitzer.

"Une maison propre", c'est l'histoire de Mathilda, une jeune comédienne brésilienne à la recherche de la blague parfaite. En attendant d'accomplir son rêve, elle fait le ménage chez un couple de médecins, Lane et Charles, qui malgré un succès professionnel, voient leur amour partir à la dérive. La soeur de Lane, une femme sans emploi et complètement folle du ménage, aide Mathilda dans ses démarches ménagères et artistiques.

Les personnages sont non seulement attachants, mais aussi formidablement mis en vie par une distribution remarquable. Émilie Bibeau, dans le rôle de Mathilda, est impressionnante avec son accent brésilien constant, quoiqu'un peu stéréotypé. Monique Spaziani, dans la peau de Lane, réussit à nous émouvoir à travers l'absurdité de la pièce. Enfin, on ne peut passer à côté de la prestation d'Hélène Mercier, dans le rôle de la soeur de Lane. Le public reste pendu à ses lèvres et attend sa prochaine ligne. Sa gestuelle est remarquable et hilarante. Bref, "Une maison propre" est une oeuvre actuelle, drôle et émouvante sur l'accomplissement de soi et l'amour.

PAR MARIE-EVE JACQUES
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Une maison propre
Texte de Sarah Ruhl
Mise en scène de Martin Faucher
Avec Émilie Bibeau, Michel Laperrière,
Hélène Mercier, Patricia Nolin,
Denis Roy et Monique Spaziani
5ème Salle de la Place des Arts
19 novembre au 19 décembre 2009

La Réforme Pinocchio

Le théâtre Premier Acte de Québec prête sa scène à de jeunes auteurs-comédiens de la compagnie La Fleur de Cendre. La première création de cette dernière propose un univers ludique, une société dans laquelle tout est axé sur la productivité et l’exploitation des ressources. Depuis quelques années, les enfants de cet univers n’évoluent pas et se dirigent vers une mort certaine s’ils ne changent pas avant d’atteindre l’âge de la productivité. Le fils de l’empereur semble atteint du même mal et ce dernier doit réagir rapidement car le peuple se plaint. L’empereur et sa suite décident de s’attaquer à ce qui leur semble être la source du problème, soit l’éducation, plus précisément les gardiennes des enfants, ces êtres à moitié vivants ayant une télévision pour tête. C’est ainsi que s’enclenche la Réforme Pinocchio.

La pièce est rafraîchissante par son côté dénonciateur et le ridicule des situations proposées. Les personnages sont tous plus éclatés les uns que les autres, que ce soit le Dieu de tous qui est représenté par une statut dont le nom est Wal-Mart ou encore la gardienne des enfants qui est une réplique effrayante des Télétubbies. La Fleur de Cendre présente un conte moderne à l’humour acide où les éclats de rire sont suivis par des malaises dérangeants. Seule ombre au tableau : les quelques envolés lyriques qui alourdissent la fin de la pièce. Somme toute, la pièce frappe et les jeunes auteurs-comédiens offrent une brillante prestation.
PAR ANDRÉE-ANNE BRUNET
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La Réforme Pinocchio
Première création de la compagnie
La Fleur de Cendre
Collectif d’auteurs
Avec Marc Auger, Benoît Cliche,
Jean-Michel Girouard, Éliot Laprise,
Jean-René Moisan, Lucien Ratio
et 'Israël Gamache
Mise en scène de Jean-Michel Déry
Théâtre Premier Acte
10 novembre au 28 novembre 2009

L'Imposture

«L’Imposture», 17e pièce de la jeune Evelyne de la Chenelière, offre une rencontre avec Ève, une femme forte, intelligente mais vulnérable qui tire ses idées de romans de son entourage immédiat et des situations personnelles qu’elle vit. Elle souligne les maux de son entourage, les tares de leur vie. Sa relation avec son fils Léo est mise de l’avant alors qu’elle choisit de prendre son fils comme narrateur de son histoire. Sa fille Justine assombrit le conte en se rebellant, partant vivre dans un dangereux ghetto. Quant à l’homme de sa vie, Bruno, il ne semble pas réceptif aux écrits qui s’adressent pourtant à lui. La pièce propose un questionnement sur l’identité du véritable auteur d’un roman et sur les limites des sources d’inspiration de ce dit auteur.

À travers les relations qu’Ève entretient avec les gens l’entourant, l’acte créateur, le statut de parent et la condition de la femme sont décortiqués, questionnés. Des personnages éclatés comme celui de David Boutin, tournent en ridicule certains comportements humains et créent un pont entre le public et la pièce. Cette dernière met en avant-plan la relation entre Ève et son fils Léo. Petit hic : nous nous égarons en deuxième partie du spectacle alors que nous suivons la fille d’Ève, la rebelle Justine, qui s’enfonce dans les gouffres d’un ghetto. S’ensuit des blagues faciles sur les Noirs et une caricature futile et facile. Les idées sont là mais elles semblent plaquées sur une toile de fond. Malgré tout, avec des projections vidéo, un dynamisme dans la mise en scène et des acteurs chevronnés, «L’Imposture» nous amène entre deux mondes, entre la stabilité sécurisante et le goût de l’inconnu. C’est donc une intéressante réflexion sur l’acte créateur et son impact sur l’entourage de l’auteur qui prend d’assaut la scène du Théâtre du Nouveau Monde jusqu’à la mi-décembre.
PAR ANDRÉE-ANNE BRUNET
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L’Imposture
de Evelyne de la Chenelière
Avec Violette Chauveau, Francis Ducharme,
David Boutin, Sophie Cadieux, Jacinthe Laguë,
Hubert Proulx, Yves Soutière, Erwin Weche
Mise en scène de Alice Ronfard
Théâtre du Nouveau Monde
17 novembre au 12 décembre 2009

lundi 30 novembre 2009

Parler de la mort, un hommage à la vie

Ce n’est pas tous les jours qu’on traite d’un sujet aussi intense que la mort, encore moins avec le jeune public. Le Théâtre le Clou décide de présenter un véritable hommage à la vie aux jeunes de 11 à 13 ans : Isberg.

Un Grand, un Petit et une Sœur devront tenter de survivre au quotidien à la suite du tragique accident qui enleva leurs parents. Dans cette nouvelle réalité bouleversante, les trois enfants utilisent l’imagination, les souvenirs, le bricolage et la musique pour nourrir leur nouvelle vie de positif. Une quête du bonheur avec quelques embûches où seul l’esprit de famille représente la clé.

Isberg plonge les plus jeunes comme les plus vieux dans un univers charmant et hermétique. Nul ne peut décrocher de l’irréprochable performance de Philomène Lévesque-Raiville, Sébastien Rajotte et Guillaume Tellier. Par leur dynamisme et leur justesse, ils sont attachants, intelligents et touchants. Une belle mise en scène colorée et texturée de géométries originales ; une ambiance scénique digne de la Maison Théâtre. Des arrangements musicaux intéressants qui harmonisent l’ambiance parfois lourde, parfois drôle.

Ce que j’aime de la Maison Théâtre c’est que du premier noir aux applaudissements, on est complètement absorbé par ce qui se passe sur scène. On plonge dans des univers fascinants qui comportent mille et une portes pour l’imagination. Isberg du Théâtre le Clou en est un bon exemple !

PAR PATRICE OUIMET

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ISBERG

Une production du Théâtre le Clou

Texte : Pascal Brullemans

Mise en scène : Sylvain Scott

18 au 29 novembre 2009

La Maison Théâtre

lundi 16 novembre 2009

L'accomplissement d'une vie selon Tanja Liedtke

Dans le cadre de la triple programmation australienne de la 5ème salle de la Place des Arts, c'est au tour de la regrettée chorégraphe Tanja Liedtke de nous présenter sa dernière oeuvre Construct. C'est en effet le dernier spectacle de la jeune artiste, décédée subitement en 2007, explorant l'accomplissement des rêves et des projets, seul ou à deux. Comment les ambitions de jeunes adultes évoluent-elles à travers les années ? L'ascension se fait rapidement, mais la chute aussi.

Avec la collaboration de Kristina Chan et de Paul White, la chorégraphe, remplacée par Charmene Yap, réussit à déstabiliser le spectateur dans ses ambitions et sa vision de l'avenir. C'est tout en humour, en audace et en sensibilité qu'un jeune couple construit sa vie sous le regard attendri du public. Puis, le temps fait les choses et annonce le déclin, rapide et inattendu de ces individus qui ne peuvent comprendre ce qui leur arrive. Ils se laissent aller à la dérive, tentant de se réconforter dans leur maison, symbole de l'ultime accomplissement.

C'est avec une mise en scène vivifiante et une musique jouant un rôle de premier plan que Construct nous ramène à l'ordre et nous fait revoir nos plans futurs. Le bonheur est souvent pris pour acquis et pourtant, il se doit d'être construit et nourri.

PAR MARIE-EVE JACQUES

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Construct
par Tanja Liedtke
avec Kristina Chan, Paul White et Charmene Yap
5ème salle de la Place des Arts
10 au 14 novembre 2009

lundi 9 novembre 2009

Les New Cackle Sisters

Les New Cackle Sisters unissent à nouveau leurs talents à l’étonnante multidisciplinarité de l’Orchestre d’Hommes-Orchestres. C’est à l’Usine C que le duo reprend les succès des DeZurik Sisters, vedettes de la radio en Illinois dans les années 40. Qualifiant leurs arrangements comme étant « agricoles », les New Cackle Sisters nous proposent un son complètement insolite et délirant amusant un public de tous âges. En effet, les plus vieux se rappelleront l’époque du yodle alors que les plus jeunes découvriront un country éclaté, vif et léger.

C’est avec une mise en scène humoristique et audacieuse que le duo de Québec se lance tout un défi vocal qui impressionne à chacune des chansons. La collaboration de l’Orchestre d’Hommes-Orchestres est essentielle à ce spectacle, puisqu’en plus d’être des musiciens de talent, les membres du groupe sont des machinistes incroyables. Leur prestation est admirable et sans eux, la performance des New Cackle Sisters pourrait sembler répétitive…

Bref, pour une soirée en toute légèreté, les New Cackle Sisters proposent un divertissement assuré !
PAR MARIE-EVE JACQUES
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Les New Cackle Sisters
Usine C
3 au 5 novembre 2009

lundi 2 novembre 2009

Appris par corps

La TOHU reçoit un duo masculin, mi-français, mi-québécois pour seulement quatre jours de portées acrobatiques. Après leur rencontre en 2005, Frédéric Arsenault et Alexandre Fray se sont réunis afin de partager la même passion pour leur pratique. Arsenault venant de perdre son partenaire, Fray arrivait à point.

Après une résidence entre les murs de la Cité des Arts du Cirque à l’été 2007, les deux acolytes présentent un spectacle durant lequel la technique est à couper le souffle. Présentant une symbiose parfaite, les deux acrobates proposent une histoire simple ayant pour trame les dualités entre humains. Les longueurs qu’il est possible de ressentir durant le spectacle sont en fait un choix artistique car, comme l’explique Arsenault, le rien sur scène est porteur de beauté.

D’une durée de 50 minutes, le spectacle offre de beaux moments durant lesquels le détail est à l’honneur et offre au spectateur accès à l’intimité des acrobates. C’est donc une belle complicité franco-québécoise que nous retrouvons sur la scène de la TOHU, signée Un loup pour l’homme!
PAR ANDRÉE-ANNE BRUNET
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Appris par corps
TOHU
Avec Frédéric Arsenault & Alexandre Fray
Mise en scène de Arnaud Anckaert
21 octobre au 24 octobre 2009

jeudi 22 octobre 2009

The Age I'm In

Jusqu'au 25 octobre, la 5ème Salle de la Place des Arts nous fait le plaisir de recevoir la chorégraphe australienne Kate Champion et la troupe Force Majeure. C'est suite à des entrevues auprès de 80 personnes de différentes générations, que la chorégraphe a su tisser une toile reflétant la société australienne actuelle.

Abordant de nombreux thèmes personnels, tels que l'amour, la sexualité et la maladie, les 11 interprètes âgés de 15 à 80 ans se présentent au public de façon naturelle, humaine et sensible. Chaque interprète joue plusieurs personnages, sans toutefois se les approprier de façon égale, ce qui enclenche parfois des moments qui traînent en longueur et qui manquent de rythme. La multidisciplinarité est au rendez-vous, mais n'est pas encore au point. Bien qu'on y sente les forces de chacun, que ce soit la danse ou le jeu, les faiblesses sont présentes et tachent les tableaux.

N'empêche que le public ne peut que se reconnaître dans les propos tenus par les artistes. C'est principalement grâce à l'utilisation efficace du multimédia, par l'entremise de petits écrans mobiles, que l'ambiance s'allège et nous permet de respirer. C'est là un élément fort percutant qui mérite d'être découvert.

PAR MARIE-EVE JACQUES
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The Age I'm In
5ème Salle de la Place des Arts
par Kate Champion
Interprété par Force Majeure
Jusqu'au 25 octobre 2009

mercredi 7 octobre 2009

De jeunes mimes prennent d'assaut l'Espace Libre


Pour sa 35e saison, la compagnie Omnibus a demandé à Réal Bossé, Pascal Contamine et Christian Leblanc de mélanger leur savoir afin de concocter un spectacle de mime. Ayant fait le choix de travailler avec de jeunes interprètes de l’École de mime de Montréal, les trois metteurs en œuvre offrent une œuvre rafraîchissante et provocatrice qui dépeint la génération Y. Issus de trois milieux différents, Bossé, Contamine et LeBlanc sont parvenus à une belle cohésion entre les différentes propositions théâtrales.

Ce qui est admirable dans cette œuvre est définitivement la maîtrise corporelle dont font preuve les six interprètes. En un mouvement de jambe ou d’épaule, ils nous font vivre une gamme d’émotions. Sabrina Connell-Caouette, Jennyfer Desbiens, Solo Fugère, Xavier Malo, Sacha Ouellette-Deguire et Anne Sabourin ont certes un avenir sur les planches théâtrales. Il faut souligner la performance de Sacha qui interprète un chien tout à fait crédible avec son popotin.

Composé de surprises, supporté par des corps en contrôle, Rêves, Chimères et Mascarade est un must de la saison automnale de l’Espace Libre.


PAR ANDRÉE-ANNE BRUNET

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Rêves, chimères et mascarade
Espace Libre
Avec Sabrina Connell-Caouette,
Jennyfer Desbiens, Solo Fugère,
Xavier Malo, Sacha Ouellette-Deguire
et Anne Sabourin
Mise d’oeuvre : Réal Bossé,
Pascal Contamine et Christian LeBlanc
Du 22 septembre au 10 octobre 2009

Un moment magique au TNM

Le Théâtre du Nouveau Monde présente Beaucoup de bruit pour rien comme deuxième œuvre de sa nouvelle saison. Cette comédie shakespearienne a été totalement revisitée de manière créative et ingénieuse par René Richard Cyr. On ne savait pas trop à quoi s’attendre d’une adaptation d’un classique si ancré et pourtant on est surpris du début à la fin autant par la mise en scène que par le jeu des comédiens.

Une bande de valeureux soldats rentre de la guerre et séjourne chez Léonato. Tandis que le jeune Claudio tombe amoureux et projette le mariage avec la belle Héro, Bénédicte et Béatrice, confinés sous un même toit, entretiennent une querelle qui dure depuis longtemps. Le tout s’effectue à travers des thèmes d’amitié, de jalousie, d’amour et de trahison. Béatrice, tout comme Bénédicte sont des « insensibles » à l’amour, mais grâce à un complot aussi ridicule que cocasse, ils tombent éperdument amoureux l’un de l’autre.

La pièce est tout simplement savoureuse. On y rit du début à la fin sans aucun doute. Il en devient très simple de comprendre l’intrigue, les personnages et de s’y attacher. Plusieurs moments drôles auraient pu facilement devenir prévisibles, mais le brio de la mise en scène et du jeu de la distribution nous transporte constamment dans la surprise et l’émerveillement. La scénographie est spectaculairement réussie, des décors qui évoluent avec la temporalité de la pièce et une luminosité poétique qui nous plonge au cœur du thème principal : l’amour.

Pour passer une soirée magique, agréable et amusante, allez voir Beaucoup de bruit pour rien au Théâtre du Nouveau Monde jusqu’au 24 octobre 2009.
PAR PATRICE OUIMET
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Beaucoup de bruit pour rien
Théâtre du Nouveau Monde
Adaptation et mise en scène : René Richard Cyr
Avec Macha Limonchik, David Savary,
Yves Amyot, Olivier Aubin,
Dany Boudreault, Sophie Desmarais,
Simon Fréchette-Daoust, Maxim Gaudette,
Robert Lalonde, Milène Leclerc,
Vincent-Guillaume Otis, Frédéric Paquet,
Éric Robidoux et Véronic Rodrigue

L'Opéra de Montréal frappe fort !

C’est lors de sa première sortie en quatuor de la saison 2009-2010, que l’équipe de Scène à Scène s’est laissée emporter par la simplicité, l’humour et l’accessibilité de la première série de représentations de l’Opéra de Montréal. Le programme double composé de Pagliacci de Leoncavallo et de Gianni Schicchi de Puccini s’est avéré être une occasion d’offrir aux spectateurs de la Place des Arts une soirée divertissante et bien rythmée. Allant des comédiens ambulants pris dans un triangle amoureux dramatique, à la famille avare d’un riche défunt, les deux mises en scène d’Alain Gauthier sont impressionnantes, justes et audacieuses. Les figurants ne manquent pas, les références contemporaines sont hilarantes et les interprètes mis en valeur. C’est surtout lors de Pagliacci que le talent musical a pu être apprécié : Marc Hervieux et Marie-Josée Lord sont épatants, comme à l’habitude. Toutefois, c'est dans l'oreuve de Puccini que la soprano, Marianne Fiset en a surpris plus d’un dans le rôle de Lauretta. Il fait grandement plaisir d’entendre la distribution en presque totalité québécoise. Le public aime et apprend à connaître la relève d’ici, fort épatante. Bref, l’Opéra de Montréal frappe fort avec cette programmation double qui ouvre les portes à un public plus large.
MARIE-EVE JACQUES
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Pagliacci de Leoncavallo
Gianno Schicchi de Puccini
Opéra de Montréal
Salle Wilfrid-Pelletier
Place des Arts
26 septembre au 8 octobre 2009

lundi 15 juin 2009

Scène à Scène fait relâche !

L'équipe de Scène à Scène prend des vacances cet été et sera de retour dès l'automne ! Bruno, Patrice, Andrée-Anne et Marie-Eve vous souhaitent de bien profiter des événements culturels à Montréal et à Québec. Prenez le temps d'explorer les arts de la scène !

samedi 25 avril 2009

By the light of stars that are no longer...

Pour la première fois, la Tohu nous présente une troupe australienne, C!RCA, l’une des plus importantes compagnies de cirque contemporain. Audacieuse, innovatrice et sensible, l’approche qu’adopte la compagnie atteint un public non-conventionnel et surtout, plus âgé. Mêlant le cirque, la danse contemporaine et les arts martiaux, « By the light of stars that are no longer… » est une œuvre qui repousse les limites du corps humain. Les acrobaties sont uniques et fort complexes. Par exemple, le « lancer de la fille », aujourd’hui presque disparu, impressionne et fait réagir le public, au bout de son siège. La modernité du spectacle est aussi établie à travers la trame sonore, parfois violente, parfois angélique. De plus, l’éclairage, véritable jeu d’ombre et de lumière, oblige le spectateur à se concentrer, à vivre cette expérience désarmante et à se laisser transporter par cette vague d’émotions. C!RCA est composée d’artistes multidisciplinaires, engagés et prêts à tout pour explorer les possibilités acrobatiques. Un seul bémol au spectacle : quelques longueurs, dont le numéro de trapèze, répétitif quoique fort admirable, et les interprétations de danse théâtrale, difficiles à cerner. Toutefois, espérons que la Tohu accueillera de nouveau C!RCA, le nouveau souffle du cirque contemporain.

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MARIE-EVE JACQUES

«By the light of stars that are no longer…»
Créé par Yaron Lifschitz et C!RCA
Interprété par Darcy Grant, Chelsea McGuffin,
Jesse Scott, Emma Serjeant et Lewis West
Du 15 au 19 avril 2009
La Tohu

mercredi 8 avril 2009

L'effet des rayons gamma sur les vieux garçons

Lorsque des fleurs radioactives sont signes d’espoir, c’est que quelque chose cloche. Pour ne pas tourner rond, la famille Messier est passée maître. Béatrice, la mère monoparentale, est terriblement malheureuse et l’exprime par une excentricité déconcertante. Femme amère et désillusionnée depuis le départ de son mari, Béatrice élève ses deux filles, Mathilde et Rita, qu’elle surprotège. Rita, nerveuse et épileptique, souffre des commérages qui se font sur sa mère et sa sœur. Quant à Mathilde, petit génie, elle s’évade dans les sciences en se lançant dans des recherches sur les réactions que le Cobalt 60 produit chez les vieux garçons. Malheureusement pour elle, sa mère la garde égoïstement à la maison. Un voile de solitude entoure ces trois bouts de femmes.

«L’effet des rayons gamma sur les vieux garçons» est un drame autobiographique s’inspirant de l’enfance de l’auteur de la pièce, Paul Zindel. Sur scène, la cacophonie d’une vie familiale dysfonctionnelle. Une approche réaliste et crue, quoique poétique, à la René Richard Cyr. Sylvie Drapeau propose une Béatrice éclatée, déchirée, à la limite d’une caricature qui nous permet cependant de comprendre le gouffre dans lequel elle s’enfonce. Néanmoins, certains passages donnent l’impression de stand-up comique qui font certes rires mais qui dérangent également, comme si le public rieur oubliait le tragique de la représentation.

Somme toute, le trio féminin composé de Sylvie Drapeau, Catherine de Léan et Émilie Bibeau présente une force de jeu et un talent certain. Malgré la tristesse de l’histoire, les graines de vieux garçons que plante Mathilde sont porteuses d’une certaine lumière et le spectateur se permet de rêver que la radioactivité amènera le bonheur au sein de cette famille. Préparez-vous à une rencontre insolite mais ô combien humaine, au théâtre du Rideau Vert.
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ANDRÉE-ANNE BRUNET
«L’effet des rayons gamma sur les vieux garçons»
Avec Sylvie Drapeau, Émilie Bibeau, Catherine de Léan,
Geneviève Schmidt et Monique Joly.
Texte de Paul Zindel, traduit par Michel Tremblay
Mise en scène de René Richard Cyr
Théâtre du Rideau Vert
Du 24 mars au 18 avril 2009

Scotstown

Il faut être averti pour assister à un spectacle de Fabien Cloutier. L’auteur et interprète à la plume dérangeante plonge dans l’insolite et le vulgaire en nous livrant «Scotstown», un collage de cinq contes à saveur de stand-up comique. Le personnage sans nom de Cloutier nous entraîne dans une épopée improbable où la statue de Champlain à Québec, les monuments de neige de Saint-Bernard, un bar quelconque de la Sainte-Catherine et un petit village nommé Scotstown se retrouvent simultanément sur scène. Des histoires de saoulerie, de baises et de rencontres surnaturelles se côtoient et se chevauchent.

À la fois crus, poétiques et déplacés, les mots de Fabien Cloutier ne laissent pas indifférents et mettent la table pour une soirée décapante. Les spectateurs sont invités à se munir d’une bonne bière frette afin de bien entamer ce véritable party théâtral. Délicieux croisement entre le conte et le spectacle d’humour, «Scotstown» est divertissant et bidonnant à souhait. Oreilles chastes, s’abstenir!

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ANDRÉE-ANNE BRUNET
«Scotstown »
Écrit et interprété et mis en scène par Fabien Cloutier
Grand Théâtre de Québec
17 avril 2009 : Cabaret La Basoche à Gatineau
25 avril 2009 : Salle Marc-Dion à Sept-Îles
28 avril 2009 : Gaspé
2 mai 2009 : Montmagny

lundi 6 avril 2009

Aaatchoum !

Un quintet clownesque prend d’assaut la scène de la Maison Théâtre, déclenchant des rires interminables et des salves d’applaudissements incontrôlables; un vrai show rock! Madame Soiz, femme de caractère à qui il vaut mieux obéir, prépare son grand moment scénique; avec ses musiciens et acolytes, elle fait tout pour présenter ses compositions musicales agrémentées de ukulélé. Mais rien ne va…

Rocco le technicien s’empêtre dans les fils, Jean-Marie le présentateur ne peut aligner deux mots sans se faire interrompre, Fabrisio le chef d’orchestre n’a qu’une chanson en tête et Olivier le percussionniste utilise ses baguettes partout où il peut créer de la musique. Une sympathique cacophonie s’installe sur scène. Ajoutez-y des acrobaties, des improvisations musicales rocambolesques et des personnages dont les personnalités ne concordent pas mais qui sont pourtant si adorables et vous trouverez «Aaatchoum!», une improbable rencontre clownesque. Une curieuse folie arrosée de dérapages orchestrés, un moment intense pour le plus grand plaisir des yeux qui tentent de tout saisir à la fois. Décidément, la joyeuse troupe du Théâtre de l’Aubergine n’offre aucun repos et c’est tant mieux!
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ANDRÉE-ANNE BRUNET

«Aaatchoum!»
Avec Jean-Marie Alexandre, Olivier Forest,
Soizick Hébert, Roch Jutras & Fabrice Tremblay
Collectif de création sous la direction artistique de Paul Vachon
Mise en scène de Rénald Laurin
Maison Théâtre
Du 25 mars au 11 avril 2009

mercredi 1 avril 2009

Starmania


Une énergie spéciale a envahi la salle Wilfrid Pelletier lundi soir. C’est par une ovation extraordinaire d’une quinzaine de minutes que s’est terminée la quatrième représentation de la version lyrique de Starmania.

Tout d’abord, soulignons l’incroyable performance de l’Orchestre métropolitain du grand Montréal. Sous la direction de Simon Leclerc, l’orchestration montréalaise a su présenter un univers musical riche et entraînant, agencé aux sublimes voix de la distribution. Le résultat est une expérience musicale et théâtrale à couper le souffle. Il est important de noter que l’adaptation des chansons de Starmania en version lyrique n’étais pas une quête de tout repos. Et pourtant, la transition s’est effectuée à merveille.

Du côté de l’interprétation, le public avait le privilège de voir une distribution entièrement canadienne. Plusieurs grands talents ont véritablement conquis le public avec des prestations solides qui transmettaient une émotivité exceptionnelle à travers les textes. Notons l’incroyable performance de Marie-Jeanne interprétée par Marie-Josée Lord, soprano, ainsi que de Ziggy interprété par Pascal Charbonneau, ténor. Autant à travers leur jeu qu’à travers le chant, ils ont véritablement charmé le public, particulièrement dans la scène finale, grâce à une montée dramatique puissante. Toutefois, certains moments cruciaux, tel que le « blues du business man » ont manqué d’intensité, contre toute attente !

En ce qui concerne la mise en scène, il y avait également de grandes surprises. Une mise en scène entièrement composée de projections sur des draps semi-transparents. L’aspect multimédia de la version lyrique de Starmania était vraiment bien agencé au reste du déroulement de la pièce. Accompagné d’un éclairage ingénieux, on ne pouvait qu’embarquer dans l’histoire sans aucune distraction.

L’adaptation d’une création dans une autre forme artistique représente un défi énorme pour les créateurs comme pour les interprètes. L’opéra rock Starmania en version lyrique s’est avéré un franc succès à tous les niveaux ! Une excellente introduction à l’Opéra, et ce pour un grand public !
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PATRICE OUIMET

« Starmania -Opéra de Montréal »
Plamondon/Berger
Mise en scène : Michel Lemieux et Victor Pilon
Place des Arts
Du 14 au 28 mars 2009

dimanche 29 mars 2009

Punto Ciego

Depuis maintenant sept ans, Victor Quijada explore la rencontre du ballet, de la danse contemporaine et du breakdance avec Rubberbandance Group (RBDG). Fondateur de la compagnie, il se lance audacieusement dans le jeu, l’humour, le drame, la violence, la comédie et surtout la condition humaine. Cette fois-ci, il nous présente « Punto Ciego », à la Cinquième Salle de la Place des Arts, où il est en résidence avec la codirectrice artistique de la compagnie, Anne Plamondon.

Sur la scène, six danseurs. Trois couples. La soif de célébrité et de performance mène souvent à la déchéance des relations interpersonnelles et la perte de soi est inévitable. Victor Quijada nous le fait bien sentir à travers ses chorégraphies parfois oppressantes et parfois touchantes, menées par la musique remarquable de Jasper Gahunia, qui reprend la musique classique avec une touche de hip-hop. Mais ce qui différencie Rubberbandance Group, c’est sa technique audacieuse, ses rythmes actuels et sa théâtralité bien justifiée. L’histoire, avec toutes ses versions, ne se raconte pas. Elle se vit individuellement, en tant que spectateur. « Punto Ciego » est une œuvre complète, qui impressionne par son innovation et sa perfection, et qui charme par son humanisme. D’ailleurs, l’utilisation de vidéos amène un contact direct avec le public, qui est invité à participer. Il est important de mentionner les performances des interprètes, principalement celles de Frédéric Tavernini et Lila-Mae G.Talbot.

« Punto Ciego » est une création simple et complexe, technique et sensible, drôle et violente. Bref, « Punto Ciego » est une œuvre complète, qui ne peut passer inaperçue.

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MARIE-EVE JACQUES

« Punto Ciego »
Rubberbandance Group
Avec Victor Quijada, Anne Plamondon, Louise Michel Jackson,
Mariusz Ostrowski, Lila-Mae G. Talbot, Frédéric Tavernini
Cinquième Salle de la Place des Arts
Du 25 mars au 11 avril 2009

lundi 23 mars 2009

Woyzeck


Écrite en 1836, la pièce Woyzeck de Georg Büchner, a été reprise et adaptée à plusieurs reprises et ce, à travers le monde. L’histoire est celle de Woyzeck, simple ouvrier convaincu qu’il est né pour un petit pain, qui se voit écrasé par la microsociété dans laquelle il est contraint de vivre. Éperdument amoureux de Marie, la mère de son enfant illégitime, il est témoin de la séduction du fort et viril Tambour-major. Au bout du rouleau, il finit par éclater sous l’oppression et assassiner sa douce.

La metteure en scène Brigitte Haentjens a décidé de reprendre cette œuvre sur la violence conjugale pour le public québécois. Une toute nouvelle adaptation, illustrée par des chansons et des expressions populaires, ainsi que par un accent d’ici. Ces clins d’œil permettent de traiter des dimensions satiriques, absurdes même, de l’oppression que subit Woyzeck. D’ailleurs, le public y prend le temps de respirer et de prendre une pause de la misère et de la cruauté des personnages.

Il est important de noter la superbe scénographie, signée Anick La Bissonnière, qui dès les premières minutes, crée l’atmosphère étouffante de la société. La formidable brochette de comédiens complète cette pièce audacieuse et rend honneur à la créativié de Brigitte Haentjens. À noter : Sébastien Ricard est saisissant dans son rôle de Tambour-major, Évelyne Rompré joue une Marie juste et délicate, Paul Ahmarani est le Docteur cruel et absurde à souhait et enfin, Marc Béland est touchant et sensible.

Woyzeck est une œuvre tout à fait intemporelle et Brigitte Haentjens en met plein la vue avec son adaptation québécoise, quoique parfois à tendance caricaturale.

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MARIE-EVE JACQUES

« Woyzeck »
Mise en scène de Brigitte Haentjens
Avec Marc Béland, Paul Ahmarani, Catherine Allard,
Pierre-Antoine Lasnier,Raoul Fortier-Mercier ou Victor Croteau,
Gaétan Nadeau,Sébastien Ricard, Évelyne Rompré et Paul Savoie
Usine C
Du 17 mars au 4 avril 2009

lundi 16 mars 2009

La charge de l'orignal épormyable

Le Théâtre du Nouveau Monde surprend dans sa mise en scène de «La charge de l’orignal épormyable» de Claude Gauvreau. Jouée pour la troisième fois, cette pièce de théâtre revisitée par Lorraine Pintal et sa troupe de comédiens aguerris choque, trouble, dérange.

Mycroft Mixeudeim tente de se remettre de la mort d’une femme qui représentait le monde pour lui. Il se réfuge donc dans le travail, se mettant au service de quatre analystes du comportement humain qui s’amuseront à se servir du pauvre personnage naïf pour évaluer leurs théories. Lontil-Déparey, Becket-Bobo, Laura Pa et Marie-Jeanne Commode concoctent des plans cruels réveillant l’orignal en Mycroft qui ne peut que charger dans les portes fermées à clef afin de porter secours à ceux qu’il croit en danger. Le TNM propose un terrible cirque morbide où la manipulation est à l’honneur et mène à la destruction de l’autre mais également à sa propre autodestruction. Bien qu’écrite en 1956, «La charge de l’orignal épormyable» est toujours d’actualité : il suffit de penser aux groupes d’adolescents intimidant un collègue de classe plus timide et renfermé. Glauque à en donner des frissons, la mise en scène osée de Lorraine Pintal est tout à son honneur. En effet, avec cette pièce, le Théâtre du Nouveau Monde se détache de sa réputation élitiste. Les gens pour qui les textes classiques sont plus difficiles d’approches seront agréablement surpris de la dernière production plus «trash» du TNM qui présente une belle porte d’entrée pour la découverte de cette institution montréalaise.

Une brillante brochette d’acteurs portent cette étrange histoire sur scène. Éric Bernier, Francis Ducharme, Didier Lucien, Pascale Montpetit, Sylvie Moreau, François Papineau et Céline Bonnier forment une unité sans pareil. Bonnier est particulièrement saisissante dans le rôle de Laura Pa avec son jeu en finesse et son incroyable présence. Il faut également souligner le travail extraordinaire de Papineau dans le rôle de l’orignal épormyable qui offre une composition délectable. Définitivement troublante, l’histoire de Mycrof Mixeudeim transpire la pureté, une pureté souillée par la décadence et la méchanceté. Une œuvre noire à voir.

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ANDRÉE-ANNE BRUNET

«La charge de l’orignal épormyable»
Texte de Claude Gauvreau
Mise en scène de Lorraine Pintal
Avec Éric Bernier, Céline Bonnier, Francis Ducharme, Didier Lucien,
Pascale Montpetit, Sylvie Moreau, François Papineau
Théâtre du Nouveau Monde
Du 10 mars au 4 avril 2009

dimanche 15 mars 2009

Des belles-soeurs immuables


Pour souligner les 40 ans des Belles-Sœurs, le théâtre d’Aujourd’hui qui célèbre également son quarantième anniversaire cette année, a décidé de faire revivre ce classique québécois. Mais pas de n‘importe quelle façon! Après avoir été retravaillés par le comédien, auteur, réalisateur, animateur et metteur en scène René Richard Cyr, les monologues des belles-sœurs se sont transformés en chansons, faisant revivre cette célèbre pièce sous une forme résolument nouvelle : le théâtre musical. Le talentueux Daniel Bélanger a mis la main à la pâte pour prêter des notes aux 15 interprètes féminines qui seront sur scène dès le 29 mars 2010 au Théâtre d’Aujourd’hui, mais également au Centre culturel de Joliette. Bélanger ne sera toutefois pas sur les planches, laissant sa place à 4 musiciens encore inconnus. Financièrement appuyés par Loto-Québec qui fête également ses 40 ans, Marie-Thérèse Fortin et son équipe bénéficieront de 600 000$ étalés sur 3 ans pour mener ce projet d’envergure à terme. La distribution complète sera révélée le 23 mars prochain lors du lancement de la saison du Théâtre d’Aujourd’hui.

jeudi 26 février 2009

Etien.

On ne peut l’ignorer par les temps qui courent, vivre son adolescence en 2009 n’est pas une mince affaire. Ça, la compagnie de théâtre jeunesse Bluff semble l’avoir compris depuis la saison 2002-2003 de la Maison Théâtre. En effet, celle-ci présentait déjà à cette époque la pièce Étien, que je suis allé voir cette semaine. On l’a judicieusement remise à l’affiche pour souligner le départ de son auteur, Sarto Gendron, de la dite compagnie pour laquelle il était aussi directeur artistique. Croyez-moi, son œuvre traitant de l’obligation sociale de la performance et du ras-le-bol des standards que celle-ci nous impose, ça ne pourrait être plus d’actualité.

On y raconte les péripéties d’Étienne, 21 ans, qui nous fait comprendre dès les premières minutes de la pièce qu’on va assister à une crise existentielle d’une heure et demie durant laquelle les jeunes seront compris dans leur désarroi. Pour faire passer son message, il décide, aux commandes de son fidèle ordinateur, de prendre d’assaut les systèmes informatiques de la planète, afin d’en exercer un parfait un contrôle. Le but de sa mission? Changer le monde dit-t-il, mais aussi son monde par la bande. Dans son monde, il y a sa mère, incarnée par France Parent. Celle-ci exprime avec brio le tourbillon infernal dans lequel la société l’a enrôlée et du même coup, le piège dans lequel son fils ne veut pas tomber. Elle devra faire face à un agent de la GRC, qui lui, recherche Étienne.
On ne peut passer sous silence le texte audacieux de Sarto Gendron. Quel ne fut pas mon étonnement de retrouver des blasphèmes et des mots, disons-le, plutôt crus dans ce spectacle destiné à des jeunes de 13ans et plus. Une fois passé par-dessus mes jugements de grand-mère, je me suis rendu à l’évidence; l’adolescent ne s’exprime plus dans la langue classique de Shakespeare. Si on veut le rejoindre, autant assumer que cette phase est là et que l’on doit parler le même langage. Il en résulte donc un texte franc, honnête et tout à fait assumé dans la bouche des comédiens.

La mise en scène brillante de Michel Bérubé découpe la scène en trois parties pour chacun des personnages principaux. On s’y parle toujours par télécommunication. On est ainsi l’un à côté de l’autre, sans se voir. De plus, les comédiens récitent leur texte au public en les regardant toujours, ce qui leur donne une belle impression de vulnérabilité. Ils ne deviennent que des humains qui déclarent leur mal d’entrer en communication les uns avec les autres. On ne peut également passer sous silence une trame sonore rock à saveur parfois apocalyptique qui ponctue bien les montées dramatiques du personnage principal.

Etien est un spectacle qui m’a hautement plu, tantôt pour la sensibilité de ses interprètes, mais surtout pour l’humanisme de son texte.
MATHIEU POTVIN
« Etien. »
Texte de Sarto Gendron
Mise en scène de Michel Bérubé
Avec Mario Borges, Pierre Monet-Bach, France Parent, Joachim Tanguay
Maison Théâtre
Du 19 au 27 février 2009

dimanche 22 février 2009

Festival Mondial du Cirque de Demain

Depuis 30 ans déjà, Paris accueille les plus grands artistes de la relève pour le Festival Mondial du Cirque de Demain. Un concours permettant aux meilleurs de se faire voir par les professionnels du milieu. Les gagnants voient leur carrière assurément resplendissante et leur réputation internationale. La compétition a eu lieu il y a quelques semaines et les méritants nous font le plaisir de s’arrêter à la Tohu pour présenter les innovations du cirque.

C’est par une mise en scène valorisant chacun des numéros et une ambiance festive que le public montréalais a droit à un multiculturalisme surprenant, où la notion du cirque est différente d’un continent à un autre. Il est remarquable de comparer les artistes, selon leurs origines. Les Occidentaux ont tendance à opter pour une émotivité, une sensibilité et une simplicité dans leurs numéros, alors que les Orientaux favorisent un spectacle éclatant, familial et un peu « tape à l’œil ». Les deux styles sont fort appréciés du public, qui s’y plaît tout au long des représentations. Peu importe la discipline ou l’origine, la technique est quasi-parfaite et en met plein la vue !

Encore une fois, la Tohu présente un spectacle hors de l’ordinaire, avec les meilleurs artistes du cirque. Cela prouve que cet art se porte à merveille et que les plus grands réinventent sans cesse les disciplines existantes.
MARIE-EVE JACQUES

« Festival Mondial du Cirque de Demain »
Édition spéciale du 30ème anniversaire
Tohu
Du 17 au 28 février 2009

lundi 16 février 2009

La migration des oiseaux invisibles


Croire en un avenir meilleur. Croire en la vie, en l’amour. Croire qu’on peut être quelqu’un. Croire tout simplement. À bord d’un immense cargo traversant l’océan, Sinbad et Rat d’eau se rencontrent, se font peur, s’apprivoisent, s’apprennent puis deviennent inséparables. Personnage clandestin, Sinbad se cache et attend d’apercevoir le rivage pour nager vers de nouvelles aventures. Sa formule d’invisibilité n’ayant pas fonctionné, Sinbad se fait capturer par Rat d’eau, matelot un peu simplet mais attachant vivant sous le joug d’un capitaine sans pitié. Bien que tout semble les opposer à prime abord, ces deux enfants développent une improbable amitié, dissimulés au fond d’une cale.

S’appuyant sur l’autre pour grandir, se faisant la courte échelle vers le soleil, Sinbad et Rat d’eau partagent l’espoir d’une vie magique et transmettent leur courage à la foule de jeunes spectateurs de la Maison Théâtre. Avec des mimiques ludiques, un texte sincère et un dynamisme corporel, Marie-Josée Forget et Marilyn Perreault, respectivement Sinbad et Rat d’eau, font comprendre l’importance de croire et de s’entourer d’amis sincères et dévoués.

La simplicité a permis au duo de comédiennes de donner des frissons et surtout de faire rire un public plus qu’enthousiaste après tant de belles images et de belles paroles. Chantant de vérité, «La migration des oiseaux invisibles» donne matière à voir et à réfléchir sur l’importance de l’amitié et sur la foi en sa bonne étoile. Une belle leçon sur la vie signée Mathieu, François et les autres!

ANDRÉE-ANNE BRUNET

«La migration des oiseaux invisibles»
Avec Marie-Josée Forget et Marilyn Perreault
Texte de Jean-Rock Gaudreault
Mise en scène de Jacinthe Potvin
Maison Théâtre
Du 30 janvier au 14 février 2009

mardi 3 février 2009

La soupe de Kafka

Dans le cadre du Studio littéraire, Antoine Bertrand, Patrice Coquereau, Daniel Brière, Catherine Trudeau et Kathleen Fortin nous font la lecture de "La soupe de Kafka", recueil de pastiches des plus grands auteurs par Mark Crick. En effet, l'auteur s'est fait un plaisir d'imaginer le déroulement d'un dîner chez Virginia Woolf, Gabriel Garcìa Màrquez ou encore Marcel Proust, le tout évidemment présenté sous forme de livre de recettes.
La Cinquième Salle de la Place des Arts accueille sans aucun doute des comédiens de talent, qui mettent en vie les textes de Crick avec humour et justesse. Une mise en scène naturelle, qui rapproche les artistes du public, qui les rend complices le temps d'une soirée. La présentation multimédia est pertinente pour introduire les auteurs et bien préparer les auditeurs, mais un manque de précision et de coordination gâche un peu certaines des lectures, laissant le public perdu. Détail ridicule, mais tout de même nuisible.
Toutefois, le Studio littéraire est un événement à ne pas manquer. Un véritable rendez-vous avec les comédiens d'ici et leur passion pour la littérature.
MARIE-EVE JACQUES
«Studio littéraire«
Artistes variés
Cinquième Salle de la Place des Arts
Du 27 octobre 2008 au 4 mai 2009

Si tu veux être mon amie


Lorsqu’elle entend parler en boucle d’un tragique événement, l’oreille en vient à ne plus entendre. À trop se faire parler d’horreur, elle préfère se conforter dans son quotidien rassurant. On la comprend. Et pourtant…

Le conflit israélo-palestinien fait rage depuis déjà trop longtemps et rares sont les journées qui passent sans qu’un incident ne se produise dans ce petit coin du monde. Sommes-nous rendus indifférents à cette violence à force d’en être des témoins à distance? La compagnie de théâtre Les nuages en pantalons fait le pari que non.

D’abord présentée au théâtre jeunesse Les Gros Becs en 2006, c’est au théâtre Périscope que cette sympathique troupe d’artistes a installé ses pénates depuis la mi-janvier, le temps d’une dizaine de représentations de son spectacle «Si tu veux être mon amie». Traitant de la relation épistolaire de deux jeunes filles de 12 et 13 ans, l’une palestinienne, l’autre israélienne, cette remarquable œuvre présente les visions parfois opposées, parfois complémentaires, de préadolescentes rêvant d’une même chose : la liberté. Avec candeur et passion, les fillettes que nous voyons grandir sous nos yeux s’exposent et jamais le spectateur ne prend parti pour l’une ou l’autre; l’équipe de création ayant pris soin de ne pas suggérer un point de vue mais bien de montrer les deux facettes de leur triste réalité.

Raconté avec simplicité, parsemé de chorégraphies appuyant la légèreté ou la gravité d’une scène, avec des accessoires aussi simples que des roches et des bottes de soldats pour simuler l’Intifada, «Si tu veux être mon amie» ne nous rabat pas les oreilles avec les horreurs de la guerre mais nous fait plutôt comprendre qu’un point de vue ne peut être valable sans son opposé, ce que nous semblons avoir oublié de nos jours.

«Si tu veux être mon amie» ne dénonce pas avec férocité mais a sans contredit l’effet de nous remettre en question par rapport à notre trop grande ignorance. Loin de se sentir moralisés, petits et grands se sentiront concernés par ce texte facile d’approche, cette pièce coup de poing et certainement coup de cœur…
ANDRÉE-ANNE BRUNET
«Si tu veux être mon amie»
Avec Éva Saïda, Klervi Thienpont,
Olivier Normand & Jean-Philippe Joubert
Texte de Litsa Boudalika à partir de lettres authentiques
Mise en scène de Jean-Philippe Joubert
Théâtre Périscope
Du 13 au 31 janvier 2009

Le Complexe de Thénardier

Il existe une lourdeur dans «Le complexe de Thénardier» présenté à l’Espace Go, après une tournée en France et en Belgique. Une lourdeur provenant d’une histoire fort simple mais pesante d’humanité. Une véritable démonstration de notre interdépendance humaine, de notre fragile besoin de l’autre.

Le metteur en scène Denis Marleau se plonge une seconde fois dans l’univers de l’auteur béninois José Pliya en s’attaquant au tableau d’une relation maître-esclave. Vido est recueillie chez la Mère durant la guerre afin de se cacher. Tranquillement, la Mère la transforme en cuisinière, femme de ménage et nourrice pour ses deux enfants. Quelques années plus tard, Vido veut voir le monde mais la Mère ne voit pas les choses de la même façon. Par un terrible jeu de pouvoir et la violence des mots, elle s’appliquera à jouer sur les sentiments et les pauvres défenses de Vido afin de garder cette jeune adulte devenue esclave auprès d’elle. Or, les plus forts se révèlent souvent porteurs des plus grandes faiblesses…

Christiane Pasquier, alias la Mère, s’affiche comme un véritable monument, une actrice dont le talent et l’expérience ne sont plus à prouver. Elle offre une justesse de jeu à faire frissonner et parvient à ramener l’attention du spectateur qui parfois s’égare dans ses pensées à cause de l’évolution très lente de l’histoire. De nombreuses répétitions dans le texte, basées sur les supplications de Vido, font stagner l’histoire et engourdissent le spectateur.

Néanmoins, la richesse du jeu de Pasquier est un trésor québécois que nous n’avons malheureusement pas la chance de voir souvent sur les planches des théâtres. Bien que «Le complexe de Thénardier» ne soit pas un coup de cœur, la performance de Christiane Pasquier est certes un fort souvenir qui restera ancré longtemps.
ANDRÉE-ANNE BRUNET
«Le Complexe de Thénardier»
Avec Christiane Pasquier et Murielle Legrand
Texte de José Pliya
Mise en scène de Denis Marleau
Espace Go
Du 20 janvier au 14 février 2009

lundi 26 janvier 2009

Provincetown Playhouse, 19 juillet 1919, j'avais 19 ans

C’est assaillie par une perplexité déconcertante que je suis sortie du théâtre d’Aujourd’hui après une représentation de «Provincetown Playhouse, juillet 1919, j’avais 19 ans». Un phénomène, cette pièce? Certes. De l’innovation? Assurément. Un coup de cœur? J’émets un doute.

Carole Nadeau, metteure en scène de la compagnie Pont Bridge qui fait dans le multimédia au théâtre, nous entraîne dans une dimension parallèle avec des éclairages, des miroirs, des sons, des bruits. Bien que l’histoire en soi amène déjà son lot de frayeur, l’équipe du Pont Bridge complète le tableau grâce a des installations scéniques, rajoutant au climat de peur. Grâce aux effets créés, Mme Nadeau provoque un sentiment de cloisonnement venant servir le texte de Normand Chaurette. Or, peut-être y avait-il «trop» d’effets visuels et que cela brouillait un brin la brillance de l‘histoire...

Les mots de Chaurette sont sans contredit d’une incroyable intensité et entraînent le spectateur dans un film d’horreur alors que 3 jeunes comédiens sont condamnés pour avoir procédé à l’immolation de la beauté en sacrifiant un enfant.

Malgré toutes ces bonnes idées, au terme du spectacle, je ne peux que me sentir perplexe face à cette représentation me laissant tiède. Même les spectateurs ont hésité à applaudir. Manquait-il un élément pour gagner le public ou l’avant-gardisme de la représentation jouait-il contre elle?
ANDRÉE-ANNE BRUNET
«Provincetown Playhouse, 19 juillet 1919, j'avais 19 ans»
Avec Martin Bélanger, Christian Brisson-Dargis,
Benoît Drouin-Germain, Éric Forget et Xavier Malo
Texte de Normand Chaurette
Mise en scène de Carole Nadeau
Théâtre d'Aujourd'hui
Du 13 au 31 janvier 2009

Oz, théâtre enchanté

Première expérience à la Maison Théâtre : un délice! La Maison Théâtre est un lieu de rêve, une destination aventure où l’on est certain de trouver le bonheur. Bien que destiné prioritairement aux tout petits, le théâtre de la rue Ontario ouvre ses portes à tous ceux dont la tête permet encore à l’imagination de vagabonder.

C’est donc le cœur léger, voire «la paix dans l’âme!», que j’ai franchi les portes de ce superbe bâtiment pouvant se vanter d’avoir une des plus belles salles de spectacle de Montréal. Tout est pensé pour l’enfant, de la salle et son inclinaison pour permettre à tous de voir, jusqu’au coin lecture où l’enfant pour venir se délecter d’une histoire avant la représentation.

Après avoir été charmée par les lieux, c’était au tour de la pièce «Oz, théâtre enchanté» de me mettre un sourire au visage. Adaptation libre du conte du «Magicien d’Oz» de L. Frank Baum, dans une scénographie réduite mais oh combien exploitée au maximum, les comédiens Marie-Thé Morin et Pier Rodin s’arment d’une guitare, de leurs voix, d’ingénieuses marionnettes et de leur talent pour maintenir l’attention des petits comme des grands durant tout le spectacle. Un bonbon dégusté avec enthousiasme et un ravissement augmentant au gré des rires des jeunes spectateurs.

Pour une évasion du quotidien, un relâchement des neurones et l’assurance de vivre un véritable moment d’émerveillement, la Maison Théâtre est définitivement un plaisir à s’offrir, peu importe l’âge!
ANDRÉE-ANNE BRUNET
«Oz, théâtre enchanté»
Avec Marie-Thé Morin et Pier Rodier
Mise en scène de Piet Rodier et Pierre Simpson
Maison Théâtre
Du 7 au 25 janvier 2009

Symbioses

Le théâtre Premier Acte, véritable tremplin pour la création, joue audacieusement en permettant à de jeunes créateurs de Québec de mettre en scène le texte bien particulier de Jocelyn Pelletier : «Symbioses». C’est une bien étrange histoire que Lucien Ratio et Jocelyn Pelletier racontent ces temps-ci au théâtre intimiste de la rue Salaberry. «Symbioses», c’est deux vies qui semblent en tout point opposées mais qui se trouveront une finalité commune au bout d’une heure et quart de théâtre.

Les deux comédiens sur scène limitent au maximum leurs déplacements, leurs mouvements corporels de sorte que tout est dans la voix et tout passe par les yeux. Mise en scène simpliste qui, parfois, pousse à se demander si les comédiens ne font pas que raconter machinalement une histoire au lieu de la vivre… Bien que ce soit une façon originale d’approcher une œuvre, quelques petits clichés truffaient le parcours et je sentais les fourmis me monter dans les jambes en attendant une apogée, une émotion forte.

Ces moments qui changeaient du presque stoïcisme des visages des comédiens sont survenus à quelques courtes reprises alors que les projections vidéos d’Eliot Laprise et les ambiances sonores de Millimetrik ajoutaient une certaine violence au texte de Pelletier. Sans en abuser ni nous agacer par quelques fugaces apparitions, le multimédia était utilisé ici de façon adéquate et complémentaire à la représentation.
Bref, sans passer à l’histoire, «Symbioses» fait certainement d’intéressantes propositions et l’équipe promet de chouettes découvertes pour les années à venir. À suivre!

ANDRÉE-ANNE BRUNET
«Symbioses»
Avec Lucien Ratio et Jocelyn Pelletier
Texte de Jocelyn Pelletier
Mise en scène d'Olivier Lépine
Théâtre Premier Acte
Du 20 au 31 janvier 2009

mardi 20 janvier 2009

La femme française et les étoiles


Une femme fait la récapitulation de certains souvenirs et anecdotes d’il y a plus d’une trentaine d’années. Passant à travers plusieurs histoires d’amours farfelues, étranges et charnelles, on assiste à la confrontation entre la pensée, la raison et l’émotion de la protagoniste.

La symbiose entre l’interprétation théâtrale de Louise Marleau et la prestation de Pau Bachero, à titre de mime, est au cœur de « La femme française et les étoiles ». Dès le début de la pièce, on ne peut s’empêcher d’apprécier l’ingéniosité et l’esthétisme de la mise en scène. Elle apporte une perspective du mouvement qui s’avère franchement intéressante, particulièrement en ce qui concerne l’exécution de la mimographie. De plus, la création sonore incongrue introduit brutalement une ambiance surréaliste.

« La femme française et les étoiles » est une pièce aux textes complexes qui semble viser un public davantage élitiste. Même si, à quelques reprises, le jeu et les mimes viennent alléger la lourdeur des textes, on peut rapidement perdre le fil entre la chronologie des souvenirs et les états psychologiques des personnages. Sans être choqué, les quelques épisodes de vulgarités sexuelles de la pièce n’enrichissent pas particulièrement le déroulement de la réflexion de la femme.

Une œuvre esthétiquement irréprochable, au contenu complexe et abstrait, pour les fervents amateurs de théâtre qui souhaitent goûter à l’incontestable performance de Louise Marleau et Pau Bachero.


PATRICE OUIMET

«La femme française et les étoiles»
Maîtrise d'oeuvre de Jean Asselin et Marie Lefebvre
Espace Libre
13 janvier au 7 février 2009


jeudi 15 janvier 2009

This is What Happens Next

C’est à Montréal que Daniel MacIvor et Daniel Brooks ont décidé de présenter en première mondiale, leur toute nouvelle création, "This is What Happens Next". Cette collaboration, entraîne le public, majoritairement très jeune, dans une série de monologues surprenants, humoristiques, voire provocateurs, sous les thèmes de l’égocentrisme, de l’amour et des relations interpersonnelles. Une pièce actuelle, qui nous charme dès les premières minutes et ne cesse de nous faire rire et réfléchir sur nos valeurs à « consommation rapide ».

Daniel MacIvor s’offre un défi d’interprétation des plus impressionnants, avec une série de personnages, allant de l’avocat à l’astrologue, en passant par le père absent et l’enfant. Le jeu est sublime, mais il en résulte quelquefois une identification difficile, en l’absence de costume et de décor. La différenciation est facilitée avec le nom de chacun en arrière-plan, mais l’histoire de chacun devient entremêlée. La qualité du spectacle n’est en rien diminuée, Daniel MacIvor charmant les spectateurs au moindre mot.

Il est essentiel de mentionner la qualité des éclairages de Kimberley Purtell, personnifiant et clarifier chaque monologue. De plus, les effets sonores de Richard Feren, jouant avec les propos du comédien, ramènent sans cesse le spectateur en complicité avec lui et sont plus que pertinents. "This is What Happens Next" est véritablement une œuvre contribuant à la réputation de qualité du théâtre canadien.

MARIE-EVE JACQUES
«This is What Happens Next»
par Daniel MacIvor et Daniel Brooks
Usine C
14 au 17 janvier 2009

mercredi 14 janvier 2009

Faits pour s'aimer


En cette fin d’année 2008, le théâtre Jean-Duceppe présente une tordante comédie romantique dans laquelle est démontré qu’il existe des fous pour croire à n’importe quelle folie.

Suzy est spontanée. D’une folle spontanéité à vrai dire. Victime de sa propre folie? On ne saurait dire. Suzy est convaincue que Vito est l’homme de sa vie. Une fois le choc du coup de foudre passé, elle ne démord pas : il est ce qu’il lui faut, elle est ce dont il a besoin. Cette envie démesurée d’un homme, de CET homme, poussera l’électrisante Suzy à retenir l’impeccable Vito dans son appartement, le temps d’une tempête de neige. Deux êtres aussi drastiquement opposés peuvent-ils être faits pour s’aimer? À première vue, non. Or, à force de subterfuges, Suzy nous convainc, se convainc et convainc Vito que leur rencontre était écrite dans le ciel.

Adaptée par l’énergique Danielle Proulx et dans un décor coloré signé Marc Senécal, Proulx et son acolyte Henri Chassé, offrent deux heures délectables de rebondissements, de rires à gorge déployée et de réflexion sur l’amour, autant homme-femme que père-fils. «Faits pour s’aimer» est un véritable baume sur le cœur de tous ceux croyant encore au coup de foudre!


ANDRÉE-ANNE BRUNET

«Faits pour s’aimer»
Avec Danielle Proulx & Henri Chassé
Mise en scène de Michel Poirier
Théâtre Jean-Duceppe
17 décembre au 7 février 2009