jeudi 29 avril 2010

«Billw Twinkle, Requiem for a Golden Boy»


« Billy Twinkle, Requiem for a Golden Boy » raconte l’histoire d’un marionnettiste d’âge mûr donnant des spectacles sur un bateau de croisière avant de se faire mettre à la porte. Déchu, Billy est prêt à se jeter dans les flots. Or, l’ombre de son mentor, Sid Diamond, vient le hanter et lui fait revivre les étapes de son apprentissage de l’art de la marionnette pour raviver sa passion.

Ronnie Burkett, grand marionnettiste canadien, est un magicien, un vrai! Avec un contrôle total sur ses doigts et sur sa voix, Burkett présente au public ses marionnettes toutes plus éclatées les unes que les autres dans un décor de bateau de croisière. Drôle, déluré et flamboyant, Burkett offre deux heures d’émerveillement. Conçues par l’artiste, les différentes marionnettes ne cessent de nous surprendre par leur aspect physique et leur langage. Elles amènent, chacune à leur façon, du glamour au décor pailleté également conçu par l’artiste. Ce dernier fait preuve d’un imaginaire et d’une dextérité impressionnante. Donné en anglais, le spectacle est un moment intimiste de virtuosité et de simple bonheur.

ANDRÉE-ANNE BRUNET
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«Billy Twinkle, Requiem for a Golden Boy»
5e salle de la Place des Arts
De et avec Ronnie Burkett
22 avril au 1e mai 2010

vendredi 9 avril 2010

Les Belles-Soeurs

40 ans après sa création au Théâtre d’Aujourd’hui, les «Belles-Soeurs» de Michel Tremblay reprennent d’assaut le théâtre de la rue St-Denis. 40 ans après leur naissance, les femmes de Tremblay sont toujours aussi énergiques, vraies et actuelles. René Richard Cyr s’approprie l’univers d’un des plus grands dramaturges québécois de tous les temps et s’entoure de 15 grandes comédiennes pour faire revivre cette pièce d’anthologie. Mais pas de n’importe quelle façon : en chansons!

En 2010, les «Belles-Soeurs» chantent leurs cœurs, leurs drames et leurs âmes sur une musique signée par le grand Daniel Bélanger. Et elles sont justes pour le plus grand bonheur de nos oreilles! Comédiennes à la base, c’est une autre facette d’elles que nous découvrons et qui nous charme. Dans un style musical intemporel, avec des objets du quotidien, elles chorégraphient leurs malheurs de façon ludique et touchante.

Il faut souligner la performance à faire frissonner de Maude Guérin dans le rôle de Pierrette Guérin qui pleure ses déboires avec une contenance déroutante. Le trio composé d’elle, de Marie-Thérèse Fortin et de Guylaine Tremblay transpire le talent et leur joie d’être sur scène et de porter cette histoire est palpable.

Retrouver les «Belles-Soeurs» en chansons est un délice et un témoignage des talents multiples que nous avons au Québec. Revisiter cette œuvre aujourd’hui, c’est s’offrir une soirée électrique avec des personnages incroyablement touchants mais c’est également mieux comprendre la force des femmes ayant construit notre belle province.

PAR ANDRÉE-ANNE BRUNET

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Belles-Soeurs

Avec Marie-Thérèse Fortin, Guylaine Tremblay,

Maude Guérin, Sylvie Ferlatte, Kathleen Fortin,

Michelle Labonté, Suzanne Lemoine, Christiane Proulx,

Hélène Major, Dominique Quesnel, Monique Richard,

Édith Arvisais, Marie-Evelyne Baribeau,

Maude Laperrière & Janine Sutto

Mise en scène de René Richard Cyr

Musique de Daniel Bélanger

Théâtre d’Aujourd’hui

29 mars au 1 mai 2010

El 12

La quatrième création de la jeune compagnie La Otra Orilla (traduction française : L’autre rive) propose une variation sur notre rapport au temps : les 12 mois de l’année, les 12 chiffres sur un cadran et surtout, les 12 rythmiques dans le flamenco. Après avoir étudié et approfondi l’art de cette danse en Andalousie, Myriam Allard revient au Québec avec l’envie de témoigner d’un flamenco contemporain. Exit les robes à pois et les fleurs dans les cheveux : Allard arbore différents costumes au fil des six tableaux du spectacle et s’amuse avec les trois musiciens et le chanteur qui ne font pas partie du décor mais bien de l’histoire. Pour compléter l’enveloppe du spectacle, la compagnie intègre pour la première fois depuis sa création des projections vidéo. Ces dernières sont subtiles mais bien utilisées et ajoutent de la fantaisie à «El 12».

Il faut se laisser aller durant un spectacle de danse pour saisir la beauté des mouvements. Personnellement, il m’a été difficile d’embarquer totalement dans les propositions de «El 12». Je reconnais la maîtrise de la technique de la jeune danseuse et en m’appuyant sur la longue ovation que les artistes ont reçue à la fin du spectacle, je vais mettre mon absence d’émotion sur mon manque de sensibilité face au flamenco contemporain. Malgré cela, dans cette quatrième production, La Otra Orilla témoigne certainement des qualités de recherche et de maîtrise et promet de belles surprises pour les années à venir.

PAR ANDRÉE-ANNE BRUNET

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El 12

De la compagnie La Otra Orilla

Avec Myriam Allard à la danse, Hedi (El Moro) Graja au chant

& Caroline Planté, Kraig Adams et Éric Breton à la musique

Cinquième salle de la Place des Arts

31 mars au 17 avril 2010

lundi 22 mars 2010

Icaro

Créé il y a 10 ans, joué à plus de 700 reprises en six langues, «Icaro» revient au Québec avec son auteur et acteur orignal, le suisse Daniele Finzi Pasca. «Icaro» est la rencontre entre deux compagnons de chambre dans un hôpital. L’un est là depuis 3 ans, l’autre est arrivé depuis peu. Pour oublier leur situation, ils entreprennent un voyage imaginaire, une fuite durant laquelle les personnages ont besoin de l’un et l’autre pour arriver à leurs fins.

La pièce a été conçue pour un seul spectateur. C’est ce que Finzi Pasca nous révèle au début du spectacle, durant son prologue. Et ce spectateur, c’est en fait une personne du public choisie par Finzi Pasca, qui est invitée à s’improviser comédien le temps de la représentation. Durant 90 minutes, un inconnu prend non seulement part au monde clownesque de l’acteur suisse, mais il le crée au même titre que Finzi Pasca. Le comédien improvisé n’a que deux consignes : ne pas poser de question et ne pas utiliser ses jambes. Une expérience incroyable à vivre et exceptionnelle à voir.

«Icaro» est un tour de force de Daniele Finzi Pasca qui s’adapte et joue avec son invité d’un soir. Il a créé des personnages d’antihéros plein d’espérance avec lesquels le spectateur se sent à l’aise de partager intimité et rêves. L’ambiance musicale, les jeux d’éclairages et la folie du créateur suisse offrent des images époustouflantes aux spectateurs. Il suffit d’avoir ses yeux d’enfants et on souhaiterait que la fuite ne cesse jamais…

Daniele Finzi Pasca fait du théâtre pour faire pleuvoir dans les yeux des autres. Avec «Icaro», c’est mission accomplie!
PAR ANDRÉE-ANNE BRUNET
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Icaro
Usine C
De et avec Daniele Finzi Pasca
16 mars au 3 avril 2010

Huis Clos

Dans la poursuite de sa mission de monter les classiques d’hier et d’aujourd’hui, le Théâtre du Nouveau Monde présente l’œuvre d’un célèbre philosophe français du XXe siècle; Jean-Paul Sartre. Crée en 1944, «Huis Clos» met en scène trois personnes se retrouvant en enfer. Chacune d’elle devient, au fil des minutes, le bourreau de l’autre. Cherchant d’abord à conserver leur liberté et leur blancheur, Garcin, Estelle et Inès se révèlent et comprennent que l’Enfer, ce sont les autres.

La scénographie de «Huis Clos» est très intéressante. Une cage envahit l’espace, entourée de trous dans le plancher et de trappes d’où le Garçon, un des gardiens de l’Enfer, apparaît et disparaît selon son gré. Un poteau de pompier permet à ce dernier d’écouter ce qui se passe dans la cage en l’observant de haut. Bref, la scénographie ouvre la porte à des jeux surprenants et rehausse l’attention du spectateur qui se perd parfois dans la lourdeur du propos.

Patrice Robitaille, Pascale Bussières et Julie Le Breton forment un trio intelligent. Robitaille incarne un gentleman distingué, Bussières campe une lesbienne dure et Le Breton joue bien la blonde sans tête. Ils sont justes et malgré quelques accros dans le texte, ils rendent bien les propos. Leur interprétation n’offre toutefois rien d’extraordinaire. Somme toute, bien que la pièce soit intéressante et pleine de promesses avec une telle distribution, elle ne réserve pas de grandes surprises.
PAR ANDRÉE-ANNE BRUNET
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Huis Clos
De Jean-Paul Sartre
Théâtre du Nouveau Monde
Avec Patrice Robitaille, Pascale Bussières,
Julie Le Breton, Sébastien Dodge
Mise en scène : Lorraine Pintal
9 mars au 3 avril 2010

lundi 22 février 2010

Psy

Le 16 février, la compagnie québécoise Les 7 doigts de la main présentait en première mondiale, leur toute nouvelle création : Psy. Durant les deux heures du spectacle, les 11 jeunes artistes du spectacle sont tour à tour psychologue et malade. Agoraphobie, trouble de la personnalité, hypocondrie, amnésie, dépendance : tout y passe. Leur thérapie? Apprendre à s’extérioriser en groupe par le biais de disciplines circassiennes. Une drôle de cure pour de drôles de personnages!
Psy est très axée sur la danse contemporaine. La majeure partie du temps, tous les artistes sont en scène. S’ils ne sont pas au cœur de l’action, ils interprètent des personnages qui étoffent l’ambiance du numéro. Rien n’est laissé au hasard.
Ce qui émerveille chez les 7 doigts, outre la grande théâtralité présente dans leurs spectacles, c’est la multidisciplinarité des artistes. En plus d’être spécialisé dans un domaine, ils sont des touche-à-tout qui participent aux numéros de leurs compères. Mention spéciale au duo composé d’Héloïse Bourgeois et de William Underwood pour leur numéro de mât chinois ponctué par les troubles insomniaques d’Héloïse. Un délice!
Mis à part les petites longueurs et un numéro de lancer de couteaux qui est tombé à l’eau (était-ce voulu ou l’artiste était-elle très nerveuse en ce soir de première?), la troupe continue de nous émerveiller.

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PAR ANDRÉE-ANNE BRUNET

PSY
à la Tohu
Avec Guillaume Biron, Héloïse Bourgeois,
Mohamed Bouseta, Danica Gagnon-Plamondon,
Gisle Henriet, Naël Jammal, Olga Kosova,
Florent Lestage, Tom Promeur-Orsini,
Julien Silliau, William Underwood.
Mise en scène, scénario et chorégraphies : Shana Carroll
16 février au 6 mars 2010

lundi 15 février 2010

Roadkill

Une auto en panne, sur la route désertique de l'Australie. Un couple et un mystérieux inconnu, apparaissant de nulle part. Les mythes urbains sur les voyageurs sont nombreux dans ce paysage aride et les peurs augmentent rapidement...

"Roadkill" nous lance dans ce thriller, créé en 2007 par la troupe australienne Splintergroup, dans le cadre du Festival Dance Umbrella à Londres. Une oeuvre intense et très physique. Les trois danseurs sont en plein contrôle et se mettent en réel danger dans leurs mouvements qui nous font sursauter à chaque instant. Malheureusemnt, les chorégraphies nous laissent parfois sur notre faim, paraissant au deuxième plan du spectacle, derrière le jeu. Toutefois, la scénographie est impressionnante, les interprètes, jouant souvent eux-mêmes avec l'éclairage et le son. Grâce à des trucages judicieux, l'angoisse et la peur se font sentir sur scène et dans l'assistance.

Une pièce définitivement terrifiante. Le public est pris dans un road movie, a la sensation d'y participer et se retient pour crier. La troupe Splintergroup ose déstabiliser et déranger ses spectateurs. Et c'est tant mieux.

PAR MARIE-EVE JACQUES
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Roadkill
par Splintergroup
Cinquième Salle de la Place des Arts
Du 10 au 13 février 2010

Chantefable

Le Studio-Théâtre de l’Illusion, scène intimiste de la rue Bienville, fait revivre une histoire médiévale d’amour et de guerre. Le jeune prince Aucassin est amoureux de Nicolette mais son père lui interdit de la voir. Une romance amenée avec une simplicité originale par le trio de marionnettistes.

Les marionnettes sont forts intéressantes, toutes de bois et inspirées des sculptures gothiques. Les marionnettistes ne se cachent pas derrière elles mais au contraire, s’amusent avec les personnages de bois. Leurs mimiques ajoutent de la magie au spectacle qui captive petits et grands. Les artistes évoluent dans une scénographie ingénieuse : trois trônes composent le décor. Ces derniers se transformeront tour à tour en prison, en château et en bateau. Avec des bandes de tissus pour appuyer les changements de lieu, l’imagination est sollicitée pour le plus grand plaisir de l’assistance.

Une chouette complicité s’installe entre les trois marionnettistes-comédiens et le public. Les jeunes spectateurs se lèvent de leur siège pour ne rien manquer et poussent des cris de dégoût lorsqu’Aucassin et Nicolette échangent un baiser. Tordant! Bref, «Chantefable» est une belle incursion et une excellente initiation au monde des marionnettistes.

PAR ANDRÉE-ANNE BRUNET
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Chantefable
AUTEUR AU NOM OUBLIÉ
Avec Sabrina Baran, Salim Hammad & Philippe Racine
Mise en scène de Karel Brozek MGA et Claire Voisard
Studio-Théâtre de l’Illusion
2 au 14 février 2010

lundi 8 février 2010

Mon corps deviendra froid

La prémisse de la dernière œuvre d’Anne-Marie Olivier est simple : un repas familial afin de commémorer la mort du père. Pourtant, la simplicité de la proposition se complexifie au fur et à mesure que les minutes passent. En fait, aucun des protagonistes n’a réellement envie d’être là, excepté la mère qui n’a toujours pas fait le deuil de son mari décédé. Les spectateurs assistent à un véritable lavage de linges sales en famille alors que le ton devient plus agressif et les mots échangés plus violents. On tente de panser les blessures mais le diachylon ne colle pas. Au milieu des hostilités se trouve Sylvie, copine du fils endeuillé, qui semble absente mais qui se révèle être la plus lucide du groupe. Dans cet éclatement de la cellule familiale, le fantôme du père décédé quelques années plus tôt rôde…

Les mots de l’auteure sont parfois tendres, souvent violents. Le spectateur s’attache aux personnages et pourtant, les trouve désagréables, voire méchants. Le spectateur est dans une zone grise du début à la fin, partagé entre la sympathie qu’il ressent et le grand malaise toujours présent dû à l’humour noir des personnages. Le propos dérange par son authenticité et son caractère fort actuel. Quelle famille se sort indemne de la mort d’un père?

Mention spéciale à la scénographe Julie Deslauriers pour son incroyable décor constitué de portes de four et pour l’interprétation de Brigitte Lafleur qui marche sur une corde raide tout au long du spectacle, interprétant avec sensibilité le personnage de Sylvie.

PAR ANDRÉE-ANNE BRUNET
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Mon corps deviendra
Texte d'Anne-Marie Olivier
Avec Suzanne Champagne, Claude Despins
Brigitte Lafleur, Myriam Leblanc & Roger La Rue
Mise en scène de Stéphan Allard
Théâtre de Quat’sous
25 janvier au 27 février 2010

lundi 18 janvier 2010

La liste

Lauréate du prix du gouverneur général 2008 en théâtre, l'auteure Jennifer Tremblay nous présente son oeuvre au Théâtre d'Aujourd'hui. "La Liste" nous parle d'une mère de famille, débordée, angoissée et solitaire qui raconte comment elle a collaboré au décès de sa voisine, elle aussi mère de jeunes enfants. Joué par Sylvie Drapeau, ce solo est un véritable plaidoyer de 70 minutes durant lequel le mystère plane et les vérités sont peu à peu dévoilées.
Sylvie Drapeau est troublante et touchante à la fois, révélant une mère au bout du rouleau, qui ne trouve pas sa place dans ce petit village. Les mots de Jennifer Tremblay sont simples mais ô combien forts. Malgré la lourdeur du propos, certains passages allègent la tension, surtout lorsqu'il est question des tâches quotidiennes d'une mère au foyer.
La mise en scène, signée Marie-Thérèse Fortin, est remarquable. Le décor quoiqu'il paraisse ordinaire à première vue dévoile sa complexité tout au long de la pièce, jouant de pair avec l'interprète. Sans aucun doute, La liste est une pièce mystérieuse, troublante et incroyablement sincère.
PAR MARIE-EVE JACQUES
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La liste
de Jennifer Tremblay
avec Sylvie Drapeau
mise en scène de Marie-Thérèse Fortin
Théâtre d'Aujourd'hui
12 janvier au 6 février 2010