Mycroft Mixeudeim tente de se remettre de la mort d’une femme qui représentait le monde pour lui. Il se réfuge donc dans le travail, se mettant au service de quatre analystes du comportement humain qui s’amuseront à se servir du pauvre personnage naïf pour évaluer leurs théories. Lontil-Déparey, Becket-Bobo, Laura Pa et Marie-Jeanne Commode concoctent des plans cruels réveillant l’orignal en Mycroft qui ne peut que charger dans les portes fermées à clef afin de porter secours à ceux qu’il croit en danger. Le TNM propose un terrible cirque morbide où la manipulation est à l’honneur et mène à la destruction de l’autre mais également à sa propre autodestruction. Bien qu’écrite en 1956, «La charge de l’orignal épormyable» est toujours d’actualité : il suffit de penser aux groupes d’adolescents intimidant un collègue de classe plus timide et renfermé. Glauque à en donner des frissons, la mise en scène osée de Lorraine Pintal est tout à son honneur. En effet, avec cette pièce, le Théâtre du Nouveau Monde se détache de sa réputation élitiste. Les gens pour qui les textes classiques sont plus difficiles d’approches seront agréablement surpris de la dernière production plus «trash» du TNM qui présente une belle porte d’entrée pour la découverte de cette institution montréalaise.
Une brillante brochette d’acteurs portent cette étrange histoire sur scène. Éric Bernier, Francis Ducharme, Didier Lucien, Pascale Montpetit, Sylvie Moreau, François Papineau et Céline Bonnier forment une unité sans pareil. Bonnier est particulièrement saisissante dans le rôle de Laura Pa avec son jeu en finesse et son incroyable présence. Il faut également souligner le travail extraordinaire de Papineau dans le rôle de l’orignal épormyable qui offre une composition délectable. Définitivement troublante, l’histoire de Mycrof Mixeudeim transpire la pureté, une pureté souillée par la décadence et la méchanceté. Une œuvre noire à voir.
Avec Éric Bernier, Céline Bonnier, Francis Ducharme, Didier Lucien,
Théâtre du Nouveau Monde
Du 10 mars au 4 avril 2009
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire